Elise Peroi

Des étoffes merveilleuses, des tissus de soie, tout autour de la chaise à porteurs,
mille couleurs, orange, blanc, ocre, argent, pas la moindre ouverture dans ce nid magnifique, juste le bruissement de ces couleurs ondoyant dans l’air, impénétrables, plus légères que rien.
Extrait de Soie d’Alessandro Baricco, 1996, Editions Gallimard – traduit par Françoise Brun

Le tissage est un art de l’attente, de lente construction par le passage répétitif de la navette à travers la chaîne. L’ensemble se forme section après section jusqu’à la révélation finale.
Pour Elise Peroi, le processus de travail et sa dimension méditative comptent presque autant que l’œuvre qui en résulte. Celle qui a longtemps hésité entre la peinture et le tissage a trouvé une forme qui allie les deux. Elle peint d’abord sur soie, puis découpe sa peinture en fine lainières qu’elle retisse ensuite en jouant des plans et des déplacements. Alors que les fils vibrent et le bois du métier émet son claquement, l’artiste vit une traversée mentale et sensible. Une chorégraphie minimale sur fond de sons répétitifs accompagne ainsi la création de l’œuvre tissée. Ce pas de deux en communion avec la matière s’est aussi traduit en performances: Elise Peroi reprend ses gestes de travail, intégrant branches et marbres aux fils, s’imbriquant elle-même ou performant des rites sans noms où graines et terre rappellent le cycle originel d’éternel recommencement. Se prolonge ainsi la réalité tangible des tissages.
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