DOUGH
Vue d'atelier, avril 2020
Je me suis d’abord concentré sur la production de sculptures très compactes, je tenais à ce qu’elles soient pleines. Plus tard, j’ai continué à fabriquer des formes compactes mais qui pouvaient aussi se déplier. Certaines ont pris la forme d’espaces, l’une d’elles est même devenue un décor que j’ai construit dans mon jardin. Comme ces choses étaient un peu compliquées à montrer, j’ai commencé à les filmer. Parfois il fallait les manipuler, alors j’ai filmé aussi les gestes. Petit à petit je me suis aperçu que ces gestes m’intéressaient tout autant que les formes que j’avais produites. J.D.
Nous utilisons quotidiennement des objets que nous n’avons pas fabriqués, et pourtant ils habitent chacun de nos gestes, et nous affectent en profondeur. Lorsque leurs formes sont reconfigurées, « reprogrammées », qu’elles ne sont plus corrélées à un usage ou une fonction, que continuent-elles à produire sur nous, sur les sensations, les sentiments ou sur les souvenirs ?
Dough est une entreprise de modification et de défiguration des choses, qui fonctionne sur le principe d’un organisme. Un organisme qui travaille, dans l’humidité de la terre, à la transformation continue des formes, et qui tente, par le déplacement des volumes et des lignes, de révéler des formes à l’intérieur de ces formes elles-mêmes.
Pour Dough, Julien Dubuisson transforme La BF15 en atelier. Pendant toute la durée de l’exposition, un performeur modèle de l’argile sur des tables, travaille la terre comme une pâte à partir d’une série de formes préparées en amont par l’artiste. La gestuelle ouvre ainsi “une autre issue, celle d’une intégration de l’individu dans un dispositif créateur non plus d’espace et de temps, mais de formes “ 1. Celles-ci sont le plus souvent prises dans une sorte d’intervalle, un état intermédiaire, dans lequel des éléments du monde, tel qu’on le connaît, sont au bord de l’effacement. Tout au long du processus de transformation des formes, persiste une singulière familiarité, un héritage formel dans les lignes et les textures.
Sous la verrière se déploie Pavillon nocturne, inspiré par la pièce d’Alberto Giacometti Le Palais à 4h du matin (1932). Ce projet est conçu comme un « petit théâtre » dans lequel les personnages ont été remplacés par des formes et le récit par les relations qu'elles entretiennent entre elles, à travers l’histoire de l’art.
1 - André Leroi-Ghouran, Le geste et la parole II - La mémoire et les rythmes, Albin Michel, 1965
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