Double détente

Exposition de fin de résidence
Exposition
Arts plastiques
Maison Jean Chevolleau Fontenay-le-Comte

Depuis 1999, la Ville de Fontenay-le-Comte invite chaque année de jeunes artistes-plasticiens en résidence pour une durée de deux mois. Séjournant dans la maison du peintre Fontenaisien Jean Chevolleau (1924-1996), ils prolongent ainsi l’esprit d’échange et de convivialité que l’artiste avait su donner à ce lieu. La résidence est le lieu même de la construction d’une relation entre l’artiste, le public et les œuvres produites. Cette année, les trois artistes-résidents – Guillaume ABDI, John CORNU et Jane MOTIN – invitent des artistes à leur exposition de fin de résidence dont les œuvres suscitent une « double détente ». Pratiquer les œuvres d’art c’est accepter les équivoques : il s’agit de savoir perdre son chemin. Certes, chaque pièce induit un scénario mental de fond mais il faut bien admettre que ce jeu d’interprétation s’effectue à différents niveaux : n’est-ce pas le regardeur qui fait le tableau… En dehors de cette évidence, il est des oeuvres qui semblent se jouer de cette « plurivocité ». Comme investies d’une double détente, nous pouvons sentir et ressentir ces formes que certains artistes s’attachent à organiser. Il ne s’agit pas uniquement de dire que toute œuvre est sujette à différentes compréhensions mais que certaines tentent le basculement d’un sens vers un autre comme pour dessiner une courbe d’idées et de sensations. Cette exposition focalise ainsi sur ces trajectoires interprétatives que l’artiste tente de fabriquer. C’est en effet le cas pour ce “papier peint“ de Mathieu Mercier qui se révèle à partir d’un certain degré d’observation… De même cette vidéo de Vincent Mauger nécessite un enchaînement cognitif qui met en relation le médium et le site à travers une fiction où la représentation interfère dans notre espace réel. Autant dire, qu’il est demandé au visiteur la plus grande acuité afin de déceler ce que Marcel Duchamp qualifiait de coefficient d’art. Ce socle en bois exotique rehaussé d’un millier de photocopies en libre service n’est-il qu’une redite de Félix Gozales Torres où s’agit-il de culpabiliser le public sur une question écologico-esthétique ? Il se peut que John Cornu travail davantage sur la « matériologie » de l’œuvre et sur l’effectivité critique d’un geste minimum. De même la composition de Guillaume Abdi semble reprendre certains codes de l’art le plus actuel pour en pervertir subtilement les tenants et les aboutissants. Le polyèdre en menuiserie et les effets de laque noir sont ici utilisés mais dans un esprit décalé qui se refuse à l’air du temps. Dans une veine plus performative, Jane Motin semble poser la question de l’objet performatif dans une mise en regard du faire c’est-à-dire d’un temps de travail qui nous est restitué. Il suffit de quelques matériaux élémentaires pour que cette pièce passe de l’action à l’œuvre comme indice de celle-ci. D’autres gestes semblent s’orienter vers l’acte même d’exposition et la stratégie curatoriale. C’est le cas pour cette pièce de Colombe Marcasiano qui pose le choix des œuvres montrées tel un geste artistique. Enfin, un éclairage de Michel Verjux décline aussi ce chemin de réflexion qui en partant de ce que l’on a sous les yeux nous renvoie à nous-mêmes et à notre bon usage de l’art contemporain…

Autres artistes présentés



 

Partenaires

La Ville de Fontenay-le-Comte, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, (Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire) et du Conseil régional des Pays de la Loire. Frac des Pays de la Loire

Adresse

Maison Jean Chevolleau 4 rue des Halles 85200 Fontenay-le-Comte France
Dernière mise à jour le 20 novembre 2023