documents // Mathieu Arbez-Hermoso

”That’s another thing we’ve learned from your Nation,” said Mein Herr, “map-making. But we’ve carried it much further than you. What do you consider the largest map that would be really useful ?”

“About six inches to the mile.”

“Only six inches !” exclaimed Mein Herr. “We very soon got to six yards to the mile. Then we tried a hundred yards to the mile. And then came the grandest idea of all ! We actually made a map of the country, on the scale of a mile to the mile !”

“Have you used it much ?” I enquired.

“It has never been spread out, yet,” said Mein Herr : “the farmers objected : they said it would cover the whole country, and shut out the sunlight ! So we now use the country itself, as its own map, and I assure you it does nearly as well.”

Sylvie and Bruno concluded, Lewis Caroll - 1893

L’homme est un animal particulier ; contrairement à tous les autres, sa langue est une chose apprise. Il ne cesse jamais de l’apprendre. Elle organise l’expérience qu’il a du réel. Organe de contrôle et territoire d’émancipation, elle lui révèle le monde, le lui cartographie, le lui montre et le lui cache. Sa  langue est une mémoire identitaire et communautaire.Je me suis toujours dis que, dans une autre langue, je pourrai devenir quelqu’un d’autre.  Sur ce postulat théorique - la langue a à faire avec l’expérience - j’explore les façons dont l’une peut reformuler l’autre, s’y assujettir, s’en éloigner, s’y déplacer. Sans medium de prédilection mon travail s’attache à des notions telles que la facticité, l’originalité, la reprise, la version, la reproduction, la traduction, la transcription, la transposition, la répétition, l’accumulation, la collection, etc.