Divinités, fleurs, plis et replis

Exposition
Arts plastiques
Les Bains-Douches Alençon
2020,plexiglass translucide, acrylique transparente, 50 × 70 cm

Bliss

Il ne se passe probablement rien, sinon une certaine quiétude qui s’est installée dans les

abîmes du quotidien. Alice, Arthur, Camille, Jade, Léa, Sosthène et Thomas se rejoignent dans

des espaces clos scellés par une certaine mélancolie. Des pivoines se dessinent par empreinte et

collage. Des fruits et une canette s’observent à travers un sac plastique ou la poche d’un

vêtement. Le corps s’est absenté d’une chemise ou d’un pantalon froissés qui ont été répliqués et

leur surface figée. Les visages ont disparu du champ, dissimulés dans des mains ou tournés vers

l’extérieur. La luminosité de l’écran de l’ordinateur s’humidifie au contact du plexiglas. Une main

virtuelle effleure des interfaces. Des figures apparaissent et se dédoublent. Peu importe sa

linéarité, le temps a été renversé et le réel dans ce qu’il renferme de plus anecdotique s’est

rempli de souvenirs, là où il avait tendance à s’effacer dans le rythme de la vie.

C’est ce flottement des habitudes qui recouvre un sentiment d’irréalité enfouie comme

une tension surnaturelle qui affleure dans les récits. Lorsque les motifs du concret s’évaporent et

se fondent doucement dans la fiction, ils rehaussent l’attention portée au ressenti plutôt qu’au

signe matériel. C’est une sorte de « real-fiction » obsessionnelle de J.G. Ballard : « Ma sciencefiction,

puisqu’il faut bien l’appeler comme ça, est plus une real-fiction, comme on parle de realpolitik

: elle appréhende le réel comme une myriade de réalités floues ; elle tente de tracer les

contours d’un monde contemporain, que beaucoup tendent à placer dans le futur, proche ou

non» (*). En somme, une fiction du quotidien dont la patine d’étrangeté a fini par refléter une

dimension narrative.

Le désenchantement s’il est fondateur nous emmène dans l’adolescence pas si lointaine,

où les contres mondes s’apparentent à l’habitacle d’une fraiche nostalgie. Ce décollement du réel

s’induit à travers des motifs picturaux relevant moins d’un acte de peindre d’après nature que

d’après images. Leurs formes figuratives et apathiques semblent se lier à l’absorption des écrans,

effleurés du bout des doigts. Comme on découperait des images adorées pour les mettre au mur

de sa chambre sans en comprendre la signification réelle, ici la scénarisation participe à la

construction de soi, là encore une question de surface, où partout s’immisce une attitude de repli

dans lequel fuir, se blottir.

Fiona Vilmer

(*) Entretien avec J.G. Ballard par Jérôme Schmidt, dans Jérôme Schmidt et Émilie Notéris (dir.), J.G.

Ballard, haute altitudes, Alfortville, Éditions è®e, 2008, p.19.

Commissaires d'exposition

Partenaires

Exposition réalisée avec le soutien de la Région Normandie dans le cadre du plan de relance

Horaires

Du mercredi au dimanche de 14h00 à 18h00

Tarifs

Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Les Bains-Douches 151 avenue de Courteille 61000 Alençon France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022