Die-Casting
Un art d’attitude vraiment à part
Ainsi Peltier s’entraîne-t-il régulièrement à la boxe, ce sport aux significations sociales complexes. Ou encore apparaît-il comme héros – plutôt comme anti-héros – du film vidéo qui est le centre de gravité de l’exposition. Ici, entre la fiction de l’œuvre et la vie matérielle de l’artiste, les différences se brouillent : ainsi Peltier est bel et bien parti à New York en 2010, dans l’ombre d’un acteur que son rôle aurait condamné à prendre du poids, se glissant entre Robert De Niro, Jake LaMotta et Travis Bickle (le personnage), entre le champion, le prolétaire et le mauvais garçon. Au prix d’une trentaine de kilos de surpoids pris comme un conditionnement sculptural, il a opéré sur son propre corps une transformation plastique forte dont le film rend compte, non sans dérision : s’adressant à la webcaméra de son ordinateur, le personnage qu’il incarne littéralement raconte une vie banale, grotesque, carnavalesque, de loser velléitaire, vaguement artiste, souvent crétin, pathétique mais sans pathos, corrosif et attachant.
Il y a vraiment un ton singulier dans cette autofiction au seuil incertain, mais où se tient très clairement un artiste qui dessine là une posture résistante et conflictuelle. Il y affirme un art d’attitude vraiment à part, d’une verve qui touche à celle du John O’Toole, l’auteur de La Conjuration des imbéciles (1980, Louisiana State University Press).
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