Dessiner le monde, dessiner son monde

Exposition
Arts plastiques
Galerie des grands bains douches de la plaine, association Art-cade - 13001 Marseille

Jean-Loup Cornilleau

Le fil conducteur de cette exposition est le dessin. La pratique du dessin est littéralement inscrite dans les gènes et dans les mains de tout individu sur cette terre. Il permet la médiation possible d’une pensée complexe là où bien souvent les mots font défaut. Si les mots permettent de réinventer le monde, le dessin permet de s’en approprier et de le transposer en originaire car il contient cette part primitive de mémoire, de savoir, d’imaginaire, d’affect et de poésie visuelle. Programmation Philippe Cyroulnik.

Complément d'information

Dessiner le monde, dessiner son monde

Le personnage de Rodogune constitue un substitut de l’artiste sans vraiment l’être. Ses histoires sans récit associent le merveilleux et l’insolite. Comme un mode de reconstruction du monde ou plutôt de construction d’un univers fictif qui nous déporte vers un monde énigmatique peuplé de personnages, emblèmes et figures de légende d’un récit où nous serions rentrés par effraction sans en connaître l’origine ni la conclusion. Tout en ayant le sentiment d’y percevoir une multitude de signes qui nous paraissent proches, qui nous indiquent les pistes à suivre sans pour autant nous permettre de nous y retrouver. Un vrai dépaysement mais sans aucun pittoresque. Un monde à la fois fascinant et intriguant. Des « histoires », Rodogune en peint et dessine des milliers qu’il empile dans sa demeure, comme si une part de secret devait être préservé sous le manteau de poussière des jours ordinaires ; comme si l’extraordinaire de la fiction devait se protéger des regards incongrus sous la monotonie quotidienne de la vie de tous les jours.

Jean-Loup Cornilleau noue avec le monde une relation paradoxale consistant à rabattre son caquet au merveilleux par l’usage systématique de crocs-en-jambe visuels, à arracher le banal à son ordinaire en déportant le regard que l’on porte sur lui. C’est dans les rebuts et les objets délaissés de notre quotidien qu’il va trouver sa poussière d’or qui éblouira notre univers. Mais sachant que les carrosses peuvent devenir des citrouilles, il préfère plutôt faire avec peu plutôt que de se perdre avec beaucoup. C’est ainsi qu’il peut partir à la recherche de son identité dans une ligne de rebonds qui, du fragment au déchet de l’objet, au chiffon, dans le bric à brac de la récupération et de la pièce rapportée, va dessiner la figure de son nom . Dans la famille Cornilleau on rencontre autant tonton Schwitters que le cousin Tuttle.

Depuis de nombreuses années Claudie Floutier consigne dans ses dessins et ses collages les visions, les enchantements et les colères de Trobeïrice, son héroïne qui est en quelque sorte le double fictif d’elle-même. Elle est la figure condensée de la femme rêveuse du monde, furieuse de ses scandales, innervée de ses désirs, écorchée de ses meurtrissures. Rien de moins illustratif que son dessin qui traverse les genres et les styles mariant l’écriture et le trait, l’histoire de l’art et du monde. Chez elle, le jeu de la couleur vient vivifier le cours frémissant de ces traits. Il y a chez elle une linéarité qui renvoie à la logique narrative de cette fresque sans fin du monde qu’elle relance de fragment en fragment. Ces dessins sont comme les livres d’heures des couleurs et des sentiments. Il y a aussi celle de la dissémination protéiforme et creusant les sillons multiples d’une constellation de la passion et de la pensées. Il y a enfin une logique proliférante qui tient à la relation obsessionnelle et compulsive de Trobeïrice au monde. Elle passe constamment de moments d’accumulation-irrigation à des moments d’explosion- inondation. C’est vrai que tout en ayant été nourrie à la couleur du sud à travers la rencontre avec des artistes proches de support surface (Clément), l’expérience de l’auto dissociation d’un Gasiorowski fut pour elle décisif. Mais on pourrait aussi associer dans sa famille élargie les noms d ‘Aloïse, Zush, Chaissac et autres irréductibles.

Jean François Sonnet pratique essentiellement le dessin. Il s'escrime à tracer à sa façon les anecdotes de notre quotidien, nos peurs, nos désirs et nos rejets. Son dessin très pur, sarcastique, humoristique ou cynique nous fait découvrir un univers rose où toute pensée peut être visualisée. Il y a chez Jean-François Sonnet quelque chose d’un théâtre de la cruauté qui fait ressurgir le fond archaïque de notre monde. Son dessin organise un jeu de dislocation et d’altération des « personnages » et des histoires par divers procédés : l’allitération, la distorsion ou encore la condensation ; s’opère un véritable démembrement des êtres et des choses. On pourrait évoquer à son propos les dessins de Kubin, ceux sadiques de Gunther Brüs ou encore ceux de Roland Topor ou Wilhem.

Autres artistes présentés

Jean-Loup Cornilleau
Claudie Floutier
Rodogune
Jean-François Sonnet

Partenaires

Direction Générale des Affaires Culturelles, Ville de Marseille ; Conseil général des Bouches du Rhône ; Conseil régionale PACA

Horaires

vernissage le 2 juin à partir de 18h30exposition du mardi au samedi de 15h à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie des grands bains douches de la plaine, association Art-cade - 13001 35 bis, rue de la Bibliothèque 13001 Marseille France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020