Déplacements
Ennio L. Chiggio, Oculari 5x5 rosso giallo, 1962
“ Dans une époque qui se gorge de vitesse toujours plus grande, de records toujours dépassés, en l’air, sur l’eau ou sur terre, et de limites, comme celle du mur du son, toujours plus allègrement franchies, l’art optique et cinétique porte la dynamogénie à un niveau qui place l’observateur dans un état synchrone avec l’ensemble des mobiles se déplaçant à vive allure dans son ambiance quotidienne » - Arnauld Pierre.
Espace Meyer Zafra a le plaisir de présenter une exposition collective, intitulée « Déplacements ». Du 15 juillet 2021 au 29 Septembre 2021, cette exposition regroupera cinq artistes majeurs de l’art cinétique : Marina Apollonio, Ennio L. Chiggio, Edoardo Landi, Manfredo Massironi et Grazia Varisco.
En 1962 a lieu la première manifestation des artistes cinétiques italiens sponsorisé par Olivetti et organisée par Bruno Munari et Soavi à Milan. L’exposition, intitulée « Arte Programmata. Arte Cinetica, opere moltiplicate, opera aperta » a regroupé douze artistes italiens partageant les mêmes recherches : Biasi, Chiggio, Costa, Landi, Massironi, Anceschi, Boriani, Colombo, Varisco, de Vecchi, Mari et Munari. Alexandre Quoi (Responsable du département scientifique du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne) relate cette manifestation : « Si l’exposition Arte Programmata révèle le rôle de laboratoire de l’Italie dans les recherches de l’avant-garde cinétique, le concept d’art programmé concerne à l’époque toute une constellation d’artistes internationaux regroupés au sein de la Nouvelle Tendance. » [Marina Apollonio rejoint ce mouvement, Nouvelle Tendance, en 1965].
Malgré les points de vue politico-sociétaux diamétralement opposés, les cinétiques italiens des années 1960 et les futuristes du début du XXème siècle ont vécu dans deux époques similaires du point de vue de l’expansions de nouvelles technologies. Luttant ardemment contre l’art classique, les futuristes font partis des premiers artistes à utiliser la technologie dans leurs œuvres, et notamment Marinetti dans son théâtre total, incluant télévision, haut-parleurs et autres moyens de communication, impliquant le public - désormais actif - au cœur de son œuvre. Les cinétiques italiens, connaissant les projets et démarches des futuristes, poursuivent et prolongent cette inclusion de la technologie et du public afin de créer une quatrième dimension dans l’art. Alexandre Quoi dit : « Dans un contexte socioculturel marqué par le progrès des technologies électroniques et les nouveaux moyens d’information et de communication, c’est une transformation impérative de l’objet artistique et du comportement du spectateur qui commence à s’imposer au cœur des préoccupations des artistes cinétiques. En intégrant à la recherche artistique les questions de la production, du design et du multiple, l’art programmé manifeste, par ailleurs, un tournant dans les rapports possibles entre art et industrie. ».
D’un point de vue purement lexical, un déplacement est un changement de position. Cette volonté d’intitulé l’exposition « Déplacements » et non « Mouvement », réside dans cette différence d’un point de vue mathématique et physique entre mouvement et déplacement. Le mouvement est l’action de se mouvoir tandis que le déplacement est simplement un changement de position, sans prise en compte de l’action et de l’ensemble de ses composantes (vitesses, pesanteur, masse, etc.). Par l’utilisation de formes géométriques élémentaires (ex : Edoardo Landi, Strutturazione Ortogonale, 1964), les cinétiques italiens, obtiennent différentes modifications structurelles des objets, grâce à différents procédés telles que les superpositions de plans (ex : Grazia Varisco, Spazio Potenziale 20, 1975 / Manfredo Massironi, Collage con greca, 2002) ; les interférences provenant de la superposition de trames plus ou moins déplacées (ex : Ennio L. Chiggio, Interferenza lineare 14.3 (4+5 moduli), 1969) ; la distorsion des objets (Ennio L. Chiggio, Truchet / Cloud #8, 2011) ; la recherche sur le thème des cercles concentriques (Marina Apollonio, Série Dinamica Circolare).
À l’occasion de cette exposition, nous avons fait le choix de présenter trois cinétiques italiens importants qui ont, malgré tout, été très peu exposés en France, Ennio Chiggio, Edoardo Landi et Manfredo Massironi, ainsi que deux femmes, Marina Apollonio et Grazia Varisco, afin de contribuer à la reconnaissance des artistes femmes comme le font les grandes institutions depuis quelques années.
En reprenant des formes géométriques élémentaires, les œuvres présentées lors de l’exposition « Déplacements », provoquent des perceptions stimulantes chez le spectateur. L’expérience du visiteur prend ainsi une place majeure dans cette manifestation. Que cela soit par l’activation manuelle ou par un regard passif, le public est invité à participer pleinement au vécu de l’œuvre.
Horaires
Du Mardi au Samedi de 11h à 19h
Tarifs
Accès mobilité réduite
Comment s'y rendre
Métro : Ligne 1 - Saint Paul
Bus Arrêt Saint Paul : 69 / 76 / 96 / N11 / N16
Bus Arrêt Payenne : 29
Station de Taxis : Saint Paul