De la couleur des fleurs

Antonin Detemple
Exposition
Arts plastiques
La Crypte d’Orsay Orsay
Affiche de l'exposition

Qui de l’œuf ou de la poule est apparu le premier ?
La question est embarrassante et elle l’est tout autant lorsqu’il s’agit de savoir si les bouquets représentés dans certaines peintures ont réellement existé ou bien s’ils sont le fruit de l’imagination du peintre.

Avec une douce ironie, Antonin Detemple sème le trouble sur la nature morte et ses origines. Après avoir sélectionné un ensemble de peintures réalisées entre les XVe et XIXe siècles, l’artiste tente d’en reproduire les bouquets, le plus fidèlement possible avec des fleurs fraîches. Et il n’est pas si facile de soumettre au réel la composition fantaisiste du peintre capable de rassembler sur une même toile des fleurs qui n’appartiennent pas à la même aire géographique ou ne fleurissent pas à la même saison.

L’enjeu pour Antonin Detemple n’est pas tant de réaliser la copie parfaite d’un bouquet que de révéler son impossibilité d’exister en dehors de la toile, même aujourd’hui alors qu’il semble possible d’avoir des fleurs toute l’année – car la plupart de celles qui finissent dans nos vases proviennent de l’étranger (Colombie, Kenya, Éthiopie, Israël, Équateur). Lorsque des fleurs ne sont pas disponibles au moment de la confection du bouquet, elles sont remplacées par des éléments en verre soufflé, sortes de « fantômes » qui, comme dans les rayonnages des bibliothèques, prennent la place du livre emprunté pour en marquer l’absence. Ainsi, l’artiste met en évidence la distance entre la vision fantasmée du peintre et la culture intensive du végétal.

Une planche en bois peint, appuyée contre un mur, prend des allures sculpturales. Dans l’exploitation florale d’où il provient, en Colombie, cet objet servait à trier les fleurs en associant la longueur de leur tige à une couleur. Il s’apparente désormais à une relique de l’artisanat rendue obsolète par l’industrialisation de la production.

Quatre cloches en verre enferment autant de parfums synthétisés à partir d’une même rose, la Red Naomi, cultivée à différents endroits : Colombie, Kenya, Équateur et Pays-Bas. Les variations olfactives trahissent des modes de culture différents (spécificités du sol, climat, usage de pesticides, etc.) comme si le parfum des fleurs était finalement l’odeur d’un territoire ou d’un savoir-faire.

Deux plaques en cuivre affichent d’étranges motifs géométriques. Il s’agit de la retranscription de vues satellites du désert en Arabie saoudite. Car c’est au milieu du désert, et après la découverte de gigantesques nappes d’eau souterraines, que sont apparues ces formes abstraites issues de la culture du blé et de l’irrigation des champs par pivot central.

Une édition rassemble une centaine d’images issues de recherches menées par l’artiste et tisse des liens sensibles et formels entre la botanique et les explorations coloniales, découvertes scientifiques et architectures utopistes.

L’ensemble de ce projet s’intitule « anémochorie », un terme emprunté à la botanique qui caractérise la dispersion des graines grâce au vent. Pourtant, entre représentation trompeuse et agriculture mondialisée, l’Homme n’est-il pas au cœur de la diffusion d’une autre nature, contrôlée et artificielle, poussée à son meilleur rendement comme à sa floraison la plus spectaculaire ?

Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Conseil départemental de l'Essonne

Horaires

Ouvert mercredi et vendredi de 15h à 18h
Samedi et dimanche de 15h à 19h | Entrée libre

Adresse

La Crypte d’Orsay 4, avenue Saint-Laurent 91400 Orsay France
Dernière mise à jour le 4 novembre 2022