Construire un saloon
« Dans la peinture de Guillaume Mary, tout part du souvenir. Généralement celui d’un lieu étroitement lié à son vécu – la maison de famille, l’atelier ou encore une cabane, domicile temporaire lors de villégiatures. Pourtant, malgré l’affect à l’œuvre dans ces évocations celles-ci procèdent d’un certain dénuement, une rétention de ce qu’il y a à voir, à dire. Presque un silence. Car ces endroits se trouvent systématiquement décontextualisés, et résumés sur la toile aux seuls éléments d’architecture. Ainsi un hameau est condensé en quelques éléments épars, silhouettes spectrales de bâtis par place incomplètes, plus loin trois degrés d’un escalier, et encore la frange d’une barrière ; l’ensemble sommairement esquissé se trouvant en outre disséminé sur un fond monochrome, incertain – un non-lieu. Chez Guillaume Mary la représentation adopte cette topologie propre aux traces mnésiques, reléguant dans l’oubli l’essentiel des détails pour ne conserver que quelques traits distinctifs des figures originales. »
Extrait du texte de Marion Delage de Luget