Clémentine Mélois

UN CABINET D'AMATEUR
Exposition
Arts plastiques
Galerie Lara Vincy Paris 06
© Clémentine Mélois, "Pléiades" (détail), vue d'atelier, 2020, dorure à chaud sur cuir d’agneau, 17,5 x 11 cm chaque.

Clémentine Mélois est une amie, et ne la connaîtrais-je point que j’écrirais tout aussi bien cette phrase. Durant le PGCD (premier grand confinement dépressiogène), ses publications sur les réseaux sociaux ont contribué à réduire l’angoisse, en nous faisant sourire, rire, voyager, rêver et tout simplement penser. L’art donne à la vie sa dignité, et parfois même, il la lui rend.

Les oeuvres de Clémentine Mélois que vous allez découvrir (si vous lisez les livres dans l’ordre, en commençant par cette préface, fait statistique rare) se peuvent déguster seul-e (CM appréciera le point médian), mais aussi à deux voire plus, les meilleures choses se partageant. D’ailleurs, être plusieurs peut se révéler utile : sa bibliothèque de faux romans noirs, réalisée dans le cadre de l’exposition Giono au Mucem, ose mettre à contribution la « pop culture ». Allons-y : Clash des gitans ? (Clash of the Titans, péplum de 2010), Mille hommes mille fois (réplique de Sam Karmann dans La Cité de la Peur, 1994), Sophie Fonfec (« carnet mondain » : Monsieur et Madame Fonsec ont une fille), En mode avion (exactement…), etc.

Redisons-le : ce qui trône au centre de la démarche artistique de Clémentine Mélois porte un nom : la complicité. L’oulipienne qu’elle est assume le risque de l’éphémérité, du dérisoire et de l’oubli. Ainsi, Sur un malentendu, ce roman de la Série noire de « l’étagère Giono », est une formule de Michel Blanc dans Les Bronzés font du ski (1979). C’est pourquoi c’est une complicité généreuse, qui se moque de la postérité, qui ose coller des magnets, fragments du Jardin des délices de Jérôme Bosch sur un frigidaire éponyme, des étiquettes Pink Lady™ sur la Nature morte aux pommes de Cézanne. Notre regard sur les portes de réfrigérateur et les étiquettes des pommes s’en voit transformé. Et l’on comprend que Clémentine Mélois ne fait pas entrer du dérisoire dans l’art, non, c’est l’art qu’elle fait entrer dans le dérisoire de nos vies.

Hervé Le Tellier

 

Complément d'information

Deuxième exposition personnelle de l’artiste à la galerie Lara Vincy, Un cabinet d’amateur présente une partie de l’installation originellement exposée au Mucem, à Marseille, à l’occasion de l’exposition Giono (30 octobre 2019 / 17 février 2020, commissariat Emmanuelle Lambert), enrichie de plusieurs pièces inédites.

À travers cet ensemble composé de centaines de livres, de tableaux, de sculptures, d’objets et de vidéos, l’artiste dresse le portrait en creux du voyageur immobile qu’est le lecteur. Dans l’espace foisonnant de la bibliothèque, la surprise naît au détour d’éléments familiers. On y croise, entre autres, une série de Pléiades aux titres revisités, des livres qui n’existent que dans les livres (de Tintin, Lovecraft, Perec ou Asimov), des Séries noires aux titres étranges ainsi qu’une sélection de ses couvertures détournées tirées de son recueil– désormais culte – Cent titres (Grasset, 2014).
En écho à la bibliothèque, une série de tableaux revisités avec malice bousculent les oeuvres picturales fondatrices de Pieter Brueghel, Hans Memling, Jérôme Bosch ou Gustave Courbet.
Le visiteur curieux aura sans nul doute envie de s’attarder dans cette exposition prolifique, laissant vaquer son regard en attente d’une nouvelle surprise, d’un sourire ou d’un clin d’oeil complice.

Un catalogue est publié par la galerie à l’occasion de cette exposition

Horaires

Mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h30 à 19h

Tarifs

Entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Lara Vincy 47 rue de Seine 75006 Paris 06 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022