Claire Kerr: She Would Lead us Through Glass

La peinture est un mirage qui dit son nom. Les œuvres présentes ici, maintenant, font leur apparition avec la discrétion d’un murmure. Elles nous appellent avec l’insistance d’un regard qui nous fixe dans l’ombre, et nous présentent la finesse de l’étoffe qui les compose, la somme des gestes innombrables, infimes, divers, et néanmoins précis qui les fabrique[1].

Les peintures, les estampes et les œuvres textiles de Claire Kerr, n’existent pas dans une salle coupée du monde qui nous entoure.

Happé-e-s par un lien invisible, nous arrivons aux images étrangement déjà familières qu’elle construit, tâtonnant dans l’obscurité des laies un fil d’Ariane aussi fin que solide. Devant nous, au cœur d’une forêt de signes, se présente une toile tissée par la plus virtuose des araignées.

Alors, comme dans un labyrinthe de miroirs, le regard rebondit de toutes parts, car les images que les œuvres nous donnent à voir se font écho. Le regard peint qui nous dévisage, aussi vrai que le dessin d’un objet fixé par une émulsion d’argent, semble refléter le nôtre sans pour autant nous appartenir.

Et comme une pierre effleure et marque la peau de l’eau par ricochets, ou fait trembler la surface d’ondes concentriques en poursuivant sa course vers le fond inerte du corps aqueux, les œuvres qui découlent d’une même idée, d’un même geste de la main, se répandent et esquissent leur propre route.

Claire Kerr travaille à la peinture à l’huile à l’aide d’un pinceau fin, échafaudant avec lenteur et minutie des couches picturales fines qui octroient à ses tableaux une profondeur et un réalisme surprenant.

Fragment du texte de l'exposition par Ana Mendoza Aldana