Chloe Wise

Of false beaches and butter money
Exposition
Arts plastiques
Galerie Almine Rech - 75003 Paris 03

La Galerie Almine Rech a le plaisir de présenter la première exposition personnelle

de l’artiste canadienne Chloe Wise, Of false beaches and butter money.

 

L’esthétique de Wise traverse et recoupe différentes pratiques, comprenant l’installation,

la vidéo, la sculpture, la peinture et le dessin. L‘artiste dévoile les liens entre la perception

et l’amélioration de soi, la création d’une image et son authenticité, en explorant les

manières dont nous nous adaptons au mercantilisme de tous les aspects de la vie

contemporaine. La nourriture, au coeur d’associations inattendues, est un code que

l’artiste utilise pour établir les relations protéiformes entre le bien-être, la consommation,

les rapports de genre, ou tout autre moyen de jouissance.

 

Pour sa première exposition à Paris, l’artiste explore la poésie de la discordance entre

les cultures visuelles et les systèmes, les produits et les individus qu’elles s’attachent à

représenter. Dans le cadre de ce projet aux contours délibérément flous, l’artiste revisite

l’iconographie du lait. D’images de jeunes femmes à des représentations de vaches

féminisées et anthropomorphisées, en passant par l’abjection du corps maternel, elle

transpose l’ensemble de ces propositions symboliques vers des champs improbables.

Le caractère inutile et nocif pour la santé qui est ici attribué à la fabrication de produits

laitiers tranche avec l’idéal pastoral romantique au travers duquel ces mêmes produits

sont disséminés. Ce contraste devient emblématique de la précarité de toute véracité,

lorsqu’un élément particulier se substitue aux systèmes tout entiers.

 

Dans ses portraits, Wise représente des femmes assises posant avec des biens de

consommation issus de l’industrie laitière. Ces compositions raffinées rappellent à

l’esprit l’art du portrait bourgeois d’une époque révolue, tout en s’opposant à la rigidité

des classes sociales que ces images affirmaient autrefois. L’instabilité est signifiée

par le biais de curieuses associations, par exemple une bouteille d’Évian remplie de

lait d’amande, ou encore l’imposante taille des modèles qui se dressent au-dessus du

spectateur. Leur perspective stratosphérique commande notre attention et traduit une

certaine forme d’autorité, ainsi qu’un refus de se conformer à tout standard de beauté

dans un temps et un lieu donnés.

 

Wise revisite aussi le genre de la nature morte par le biais d’un détournement similaire.

Une table en miroir réfléchit une composition sensuelle de fruits, d’huîtres et de fromages.

Un ruisseau de lait coule et dégouline sur ce festin. La cristallisation d’un moment

singulier d’abondance et d’opulence que ce genre artistique caractérisait autrefois est ici

mise à mal par la surface réfléchissante du support de la sculpture : le miroir introduit une

tension temporelle dans l’oeuvre, qui change selon le point de vue du spectateur. Avec

le temps, la précieuse offrande est amenée à se précariser, à flirter avec son inévitable

décomposition. On imagine la formation d’une peau abjecte sur la sculpture le long de la

flaque de lait, une odeur nauséabonde imprégner la salle, ou encore un fruit pourrissant

se recouvrir d’un manteau protecteur duveteux.

 

Enfin, Wise poursuit son élan à l’encontre du récit unique, son refus de la cohérence

d’une seule métaphore, dans une nouvelle vidéo accompagnée d’une musique originale

de l’artiste. Ses amis y performent en public un spectacle de danse désynchronisée.

Alors qu’ils évoluent dans un paysage luxuriant, leurs mouvements se mêlent à des

poses relaxantes de yoga pour débutants trouvées dans des tutoriels vidéo sur Youtube.

Les paroles, des sortes de vers ou tweets poétiques composés de bribes de mots

récupérés sur les réseaux sociaux, décrivent le caractère à la fois symbiotique et

disloqué de l’expérience vécue dans le cadre d’une existence submergée par les

médias. Les systèmes de référence se figent dans le désordre de la vie

contemporaine ; cette friction en vient à définir les manières dont nous nous frayons un

chemin dans la supercherie, et le plaisir que nous prenons dans la consommation.

 

Loreta Lamargese

(traduit de l’anglais par Violaine Boutet de Monvel)

Tarifs :

Entrée libre

Horaires

du mardi au samedi 11h à 19h

Adresse

Galerie Almine Rech - 75003 64 rue de Turenne 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020