Chassé le naturel

Exposition
Arts plastiques
FRAC Pays de la Loire Carquefou
Chassé le naturel Dans le cadre de la convention signée entre le Frac des Pays de la Loire, la Communauté de Communes Océan-Marais de Monts et la Commune de Saint-Jean-de-Monts en décembre 2007, une première exposition d’oeuvres de la collection du Frac est présentée à l’Écomusée du Marais vendéen – Le Daviaud à La Barre-de-Monts et au Musée Charles Milcendeau/Jean Yole à Soullans. À l’issue de l’exposition, l’oeuvre de Stefano Arienti installée dans le patio du Musée Charles Milcendeau restera en dépôt. Cette oeuvre interroge le rapport nature / culture mais aussi la problématique de la trace, de la mémoire et de l’oubli. Le cadre exceptionnel dans lequel se trouvent ces deux musées a inévitablement inspiré cette double exposition. À travers un vaste ensemble d’oeuvres, Chassé le naturel questionne l’idée de nature et ses représentations par les artistes. Affranchis du carcan de la mimesis, du postulat que l’art est imitation de la nature, les artistes contemporains n’ont pas pour autant abandonné ce champ d’investigation et d’expérimentation. Loin de délaisser ce topique éminemment classique, ils usent des techniques les plus variées pour nous livrer tour à tour une nature paisible ou indomptable, domestiquée, voire même recomposée, et finalement interroger sa mise en représentation. La diversité des supports et des techniques dans l’art contemporain a permis aux artistes de se confronter au plus près à l’idée de nature, que son étude soit la base d’un travail plastique, qu’elle soit le cadre essentiel de leur activité artistique ou qu’ils utilisent tous les moyens mis à leur disposition pour la représenter. Les actions de Gina Pane en milieu naturel, si elles sont une réflexion sur notre présence au monde, expriment une communion, une sorte de retour de l’artiste vers un état de liberté qui passerait par une harmonie cosmique. Envisageant la nature « comme une force poétique, comme un lieu de mémoire et d’énergies », Gina Pane développe dans ses actions une relation privilégiée aux éléments; au même titre que le corps de l’artiste, le ciel, la terre, le soleil ou les pierres participent de l’oeuvre. Cette intimité avec la nature, on peut la retrouver chez Paul-Armand Gette, qui semble ne rien avoir sacrifié de son regard d’entomologiste. L’analyse topographique exhaustive des environnements qu’il arpente, la collecte et l’inventaire des différentes composantes d’un milieu permettent à l’ancien scientifique d’en mettre à jour le verbe, le langage intrinsèque. Le travail de Jean Clareboudt — promeneur solitaire, artiste-voyageur des villes et des grands espaces — repose également sur une connaissance approfondie des territoires parcourus. Élaborés avec des matériaux prélevés dans l’environnement, ses « objets », comme les sculptures que l’artiste fabriquait avec les « matériaux trouvés », manifestent les tensions, les rapports de force et d’équilibre qui les traversent. C’est aussi de l’observation minutieuse des mécanismes de la faune et de la flore que découlent les sculptures de Marie Denis ou d’Hubert Duprat. La connaissance de ces règles leur permettent d’engendrer des artefacts paradoxalement naturels. Une légère intervention, un déplacement suffisent alors pour que l’oeuvre de la nature devienne oeuvre d’art. La capacité à capter l’infime et le fugace fait de la photographie l’outil plébiscité par les artistes qui tentent de retranscrire le langage de la nature, d’en souligner la poétique. Les Paysages minutieux d’Arnaud Claas, mais également les instants saisis par l’objectif de Gabriel Orozco relèvent de cette intention. Paradoxalement le vérisme attaché aux représentations photographiques en font aussi un médium privilégié pour sa capacité à produire l’illusion du naturel. C’est ainsi que Patrick Tosani se joue d’une nature domestiquée et recomposée, soumettant à notre regard dupé une nature artificielle plus vraie que nature. Mais est-ce bien de la nature dont nous parlent certaines des oeuvres présentées ici ? En se saisissant de ce sujet exploré comme nul autre, les artistes d’aujourd’hui se servent parfois de la nature comme base de réflexion, voire comme prétexte pour aborder d’autres questionnements. Éric Poitevin, à travers ses paysages comme avec la série des chevreuils, plus que du sujet, nous entretient avant tout du point de vue et du temps, c’est-à-dire de l’acte photographique. Suivant une démarche analogue, c’est d’abord sur la peinture que Yan Pei Ming veut attirer notre attention. En choisissant une figure classique de la représentation artistique, le paysage, en le réduisant à ses traits les plus communs, l’artiste détourne le spectateur du sujet pour mieux attirer son regard vers le geste pictural. De même, c’est l’acte photographique qui se révèle derrière les jeux de réflexion que met en scène Philippe Oudard. Au-delà du médium et des pratiques plasticiennes, derrière le principe même de la représentation, c’est l’action de l’homme qui est interrogée. Ainsi chez Mircea Cantor c’est avant tout le regardeur que l’oeuvre convoque. Sa vidéo, Deeparture joue de cette fascination du spectateur pour une sauvagerie de plus en plus rare dans nos sociétés domestiquées, pour finalement frustrer son attente. En transposant une scène de pure animalité dans le cadre artificiel d’une galerie d’art, Mircea Cantor rend prégnante l’intervention humaine sur la nature et ses lois pour mieux en suggérer les conséquences potentiellement catastrophiques. Une même ambiguïté préside aux créations d’Oleg Kulik. La série de photographies présentée ici confronte les différents membres de « sa » famille avec des animaux dans leur biotope de prédilection. De ces différents portraits de l’homme moderne remis à l’« état de nature », se dégage un sentiment d’équilibre, comme si soudain une trêve était venue suspendre les rapports conflictuels sous-jacents entre l’homme et la nature. Pourtant ces tableaux « naturels » — nudité, proximité et harmonie avec la faune et la flore — nous apparaissent comme sur-joués, marqués par un caractère d’artificialité troublant. Avec cette série, c’est la place de l’homme dans le monde, les relations entre nature et culture, et finalement notre anthropomorphisme que Kulik interroge par ses différents travaux. Ce même sentiment d’inquiétante étrangeté parcourt les tableaux photographiques que Grégory Crewdson compose de manière totalement artificielle, puisant des éléments dans le répertoire naturel pour finalement évoquer dans une métaphore à peine voilée la condition de l’homme moderne. Anthropomorphisme, quand tu nous tiens !

Autres artistes présentés

Stefano Arienti, Mircea Cantor, Arnaud Claas, Jean Clareboudt, Johan Creten, Gregory Crewdson Simone Decker, Marie Denis, Hubert Duprat, Hreinn Fridfinnsson, Paul-Armand Gette, Carsten Höller Oleg Kulik, John Murphy, Patrick Neu, Gabriel Orozco Philippe Oudard, Gina Pane, Yan Pei-Ming, Abraham Poincheval et Laurent Tixador, Éric Poitevin, Adrian Schiess, Kiki Smith, Patrick Tosani, Xavier Veilhan

Partenaires

Cette exposition est réalisée dans le cadre d'une convention entre le Frac des Pays de la Loire, la Communauté de Communes Océan-Marais de Monts et la Commune de Saint-Jean-de-Monts. Le Frac des Pays de la Loire reçoit le soutien de l’Etat, Préfecture de la région Pays de la Loire, Direction régionale des affaires culturelles et de la Région des Pays de la Loire.

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

FRAC Pays de la Loire 24 bis boulevard Ampère 44470 Carquefou France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022