CHAI SIRIS

METEORITE GARDEN
Exposition
Arts plastiques
Galerie TORRI Paris 03

Chai Siris (1983), est actuellement en résidence au Pavillon du Palais de Tokyo. A ce titre il fera l'objet d'une exposition au Palais de Tokyo en juin 2014. Il  s'est fait récemment remarqué lors de sa participation à la Biennale de Sharjah en 2013 ainsi que pour sa collaboration avec Apichatpong Weerasethakul lors de la Documenta de Kassel en 2012. Ses films ont fait l'objet de plusieurs sélections dans des festival internationaux, Lisbonne, Rotterdam, Bangkok, Venise (67th Venice International Film Festival, competition).

Né en 1983 à Bangkok et actuellement en résidence au Pavillon Neuflize OBC, laboratoire de création du Palais de Tokyo, Chai Siris développe depuis 2007 un travail principalement constitué de photographies, de films et de vidéos, conçu pour la salle de cinéma ou pour l’exposition, et voué à la reconstruction d’histoires personnelles et sociales. Fils de pharmaciens des faubourgs de la capitale thaïlandaise, Chai Siris dit avoir remarqué chez leurs clients souvent pauvres, ouvriers et immigrés, des maux moins physiques qu’émotionnels, causé par des vies abîmées par les impératifs économiques, des mémoires réprimées et des histoires tronquées. Pensant ses œuvres comme des remèdes, Chai Siris conçoit des espaces silencieux ou ensommeillés, majestueux ou réflexifs, toujours propices à la remémoration. Aussi cette pratique n’est elle pas seulement documentaire mais profite au contraire régulièrement des accidents et des lacunes de la mémoire pour sortir des rets du réalisme et entrer dans la fiction. Celle-ci naît aussi bien d’images et de récits collectés lors de voyages et de rencontres, dont le stock devient la source où s’abreuve les œuvres futures, que de la mise en place de stratégies collaboratives, avec des sujets appelés à inventer, jouer ou chanter plutôt qu’à témoigner, des diseurs de bonne aventure et des techniciens de laboratoire photo dessinant vies et portraits selon les indices qui leur ont été fournis, au gré de leurs intuitions. Dans l’acte de remémoration s’inventent des récits alternatifs qui peuvent aussi bien servir à éclairer le passé qu’à transformer le présent.

Première exposition personnelle en France de Chai Siris, Meteorite Garden, 2014 se présente sous la forme éclatée d’une installation d’œuvres équivoques dans leur nature et dans leurs relations : portrait ancien d’une femme à l’aura d’actrice, page de scénario arraché à sa continuité, urnes somptueuses tranchées en deux, photographies d’une demeure non identifiée, vidéo documentant d’abord ce qui ressemble à un casting, puis une procession funéraire. Les différents éléments suggèrent qu’ici sont déposés les pièces préparatoires d’un film inexistant. On peut, bien sûr, spéculer sur la forme que pourrait prendre ce film réduit ici à quelques reliques. Mais l’état sous lequel il se présente est peut-être au fond aussi accidentel que nécessaire. Ceux qui se souviennent de l’installation Primitive ou du long-métrage Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul reconnaîtront peut-être les adolescents convoqués par Chai Siris à une séance photo, ainsi que les paysages de Nabua, ville du Nord-Est à la frontière du Laos, dont les habitants communistes furent persécutés et chassés par l’armée thaïlandaise. Ou alors se souviendra-t-on que Ho Chi-Minh – dont apparaissent des portraits et la demeure aussi austère que son jardin est cultivé, et qui se cache peut-être encore dans le scénario sous les traits de l’Oncle ayant servi sur un bateau français et rêvant du Vietnam – résida dans la même région à la fin des années 1920, pour un temps au sujet duquel les sources diffèrent, après avoir fui la Chine et le coup anti-communiste de Chiang Kai-chek. Ce film-là est peut-être en effet, sinon impossible, du moins condamné à la forme d’une investigation, et ses acteurs à errer comme des spectres dans la jungle ou à cultiver leurs arbres à l’abri des regards, en attendant que leurs descendants sachent enfin en cueillir les fruits.

Antoine Thirion

Antoine Thirion est critique de cinéma, aux Cahiers du cinéma de 2001 à 2009, dans la revue Independencia, qu’il fonde avec Eugenio Renzi, de 2009 à 2013. Commissaire en 2009 de la rétrospective James Benning au Jeu de Paume. Il est actuellement conseiller et directeur artistique des éditions de la société Independencia.

Chai Siris (1983) is currently in residence at the Palais de Tokyo’s Pavillon and as such will be the subject of an exhibition at the Palais de Tokyo in June 2014. He has recently received recognition for his participation in the 2013 Sharjah Biennale as well as for his collaboration with Apichatpong Weerasethakul at the 2012 Kassel Documenta. His films have been selected in numerous international festivals such as Lisbon, Rotterdam, Bangkok and Venice (in competition at the 67th Venice International Film Festival).

Born in Bangkok in 1983 and currently in residence at the Palais de Tokyo’s Pavillon, Chai Siris has been developing, since 2007, a body of work comprising photographs, films and videos, conceived for the cinema or the exhibition space, most often reconstructing personal and social stories. A son of pharmacists from the capital’s suburbs, Chai Siris says he noticed in his parents’ often poor, immigrant, and working class clients a pain more emotional than physical, the result of lives marked by economic imperatives, repressed memories and stories cut short. Seeing his works as remedies, Chai Siris conceives silent or sleepy spaces, majestic or reflexive, always inviting recollection. Rather than flat documentary, his practice is regularly informed by the accidents and gaps of the memory, allowing him to circumnavigate realism and enter into fiction. Often born from the images and stories collected during his travels, which become the source for future works and the starting point for collaborative strategies, his subjects are called upon to make things up, play or sing rather than to testify or recount: fortune tellers and photo lab technicians tracing lives and portraits according to a series of clues, at the whim of their intuition. In the act of “rememoration” alternatives tales are invented that can just as easily illuminate the past as shape the present.

Chai Siris’s first solo exhibition in France, Meteorite Garden presents itself in the exploded form of an installation of works equivocal in their individual natures and interrelationships: an old portrait of a woman with the aura of an actress, a page from a script snatched from its context, sumptuous urns sliced in two, photos of an unidentified dwelling, a video documenting what first looks like an audition and then funeral rites. These different elements suggest preparatory pieces for a nonexistent film. One can speculate on the form this film, here reduced to a group of relics, would take, but this manner of presentation is perhaps as accidental as it is necessary. Those who remember Apichatpong Weerasthakul’s installation Primitive or his feature film Uncle Boonmee will perhaps recognize the adolescents Chai Siris has called together for a photo shoot, as well as the landscape of Nabua, a northeastern city on the Laos border whose communist inhabitants were persecuted and hunted by the Thai army. Or one may recall that Ho Chi Minh – whose portrait and home, as austere as his garden is cultivated, appear and who may also lurk in the script, behind the Uncle who served on a French ship while dreaming of Vietnam – lived in the same region at the end of the 1920’s, for a period of time that sources disagree on, after having fled Chiang Kai-shek’s anti-communist coup in China. This film is, if not impossible to make, perhaps doomed to remain in the form of an investigation, its actors to wander like jungle ghosts, cultivating their trees away from prying eyes, waiting for their descendents to finally learn to pick their fruits.

Antoine Thirion

Antoine Thirion is a film critic, for Cahiers du cinema from 2001 to 2009 and for the review Independencia.fr, which he founded with Eugenio Renzi, from 2009 to 2013. In 2009, he curated the James Benning retrospective at Jeu de Paume. He is currently advisor and artistic director for Independencia’s publishing division.

Commissaires d'exposition

Artistes

Horaires

Mardi au samedi, 11h - 19h Tuesday to Saturday, 11 am - 7 pm

Adresse

Galerie TORRI 7 rue Saint Claude 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 15 décembre 2020