CAMBECK DE BINELDE HYRCAN PAR JACOB FABRICIUS
« J'ai souhaité tourner un court métrage en Angola, mon pays d'origine. Pour réaliser ce
film, j'ai utilisé, à l'exception de la caméra, ce qui se trouvait sur place : micro de fortune,
clap improvisé. J'ai fait appel aux enfants du quartier de l'île de Luanda pour jouer les
différents personnages de l'histoire. Tout a été tourné en décor naturel.
J'ai imaginé une scène où des enfants seraient dans une voiture, mais une voiture non
visible, suggérée par le dialogue des comédiens, par leur gestuelle et par quelques éléments
scéniques : une tongue par exemple qui devient un volant.
Les quatre comédiens sont assis dans des trous creusés sur la plage, reconstituant les sièges dans
une voiture. La caméra est posée au sol, créant par moment une atmosphère plutôt théâtrale (la
mer au fond pourrait apparaître comme une décor peint). J'ai filmé en privilégiant une simplicité
visuelle, en concentrant les regards sur les enfants, leur histoire et le pouvoir de leur
imagination. Le dialogue distribue des rôles même si les enfants ne s'y tiennent pas toujours
complètement. Ils se sont appropriés le texte, développant certaines idées comme lorsqu'ils font
référence à la «good life». On sent une certaine répartition des rôles entre eux, entre ceux qui
dominent et ceux qui suivent, et leur jeu reflète leur statut dans leur micro-société. Leurs
mouvements sont limités à l'espace fictionnel de la voiture, ce qui concentre l'action. La scène
est ainsi très épurée, le montage minimal, cherchant un certaine efficacité visuelle. Cette courte
mise en scène me permet d'évoquer l'actualité de la situation angolaise, les enfants ont le regard
rivé vers l'Amérique, le hasard a fait que l'Amérique se trouve juste devant cette île. »
Binelde Hyrcan est né en 1982 en Angola. Il a été marqué de manière indélébile par les images
de la guerre dans sa jeunesse. Ancien élève de l'ESAP, il a été choisi pour représenter l'Angola à
la 56ème Biennale de l'art contemporain de Venise.