Bug report

Exposition
Arts plastiques
Iconoscope Montpellier

Les oeuvres que Keita Mori réalise depuis 2011 dans le cadre de la série Bug Report, substituant aux techniques graphiques du dessin l’emploi de fils de coton et de soie tendus et fixés par collage sur les supports vierges des images que l’artiste construit avec une acuité aussi manuelle que visuelle, s’emploient à faire apparaître des figures, des formes et des espaces aussi vibratiles que visuellement instables. Ce faisant, les compositions qui résultent de cette technique agissent à l’endroit d’un paradoxe fécond : dans la fixité de leurs représentations réside aussi l’expression d’un mouvement incessant saisi en pleine tension. Animées en effet par le flux de l’agitation turbulente obtenue par les juxtapositions et les superpositions de lignes droites, courbes et crochetées qui les traverse — mimétiques en cela du développement exponentiel des moyens de circulation et de communication des individus, des données et des produits ainsi que des mécanismes d’accélération qui bouleversent nos sociétés à l’ère des relations et des échanges hyper-connectées —, les images qui résultent de ces réalisations exécutées de manière intuitive qui pourraient parfois paraître sensiblement inachevées, interpellent par et à propos de leur nature mobile et instable, qui d’emblée les projette dans l’espace actif de leur réception : s’il y a une ou plusieurs directions internes qui s’y dessinent, le regard en suit la vitesse qui lui est imposée autant qu’il peut en prendre la tangente, au gré des espaces interstitiels qui bordent et qui séparent les voies principales, par ces écarts où l’image manque mais par où elle advient aussi, qui parfois deviennent des gouffres. Car c’est précisément parce que le regard est happé par la frénésie qui l’emporte, qu’il y pénètre d’autant mieux comme dans un système de connexions en réseau dont l’apparence aussi architectonique que technologique et électronique met en présence des signes — des composants — qui participent autant de l’architecture que de la mécanique de ces espaces dont la matérialité superficielle cède le pas à l’impression de virtualité numérique des sujets et des surfaces. Tantôt figurés tantôt abstraits, truffés de hiatus et de failles qui accrochent l’attention comme des erreurs jouant le rôle de contrepoints à la fluidité des trajets qui se croisent, ces « tableaux » fébriles sont cependant prompts à exister sous nos yeux par des images fragmentaires, en construction, parfois désolées, qui, in fine, par la distance qu’elles imposent de prendre pour les voir, les reconnaitre et les résoudre, contribuent à résorber le trouble, si ce n’est parfois le chaos, sur le terreau duquel elles sont apparues et par lequel elles ne cessent de manifester, tels des diaphragmes, le mouvement de leur éclatement, de leur dispersion et paradoxalement de leur concentration autant que de leur ouverture permanente. Mickaël Roy, Les images ouvertes de Keita Mori : du trouble et de sa résolution, extrait, 2016


Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Drac Occitane, Ville de Montpellier, Conseil régional Occitanie

Horaires

mardi, jeudi, vendredi, samedi, 15h-18h30

Adresse

Iconoscope 1 rue du genéral maureilhan et 25 rue du courreau 34000 Montpellier France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022