Le Parvis centre d'art contemporain
bio boutique by Enrica Borghi
Exposition
Arts plastiques
Le Parvis
•
Ibos
➜
molecola, 2003, matière plastique
Au sein du centre Leclerc, Bio-boutique by Enrica Borghi paraît être une boutique très tendance. Mais, de plus près, le mobilier design est en fragments de bouteilles plastiques, les vêtements, bikini, saces et autres accessoires de mode sont en amidon de maïs, matériau biodégradable présent dans le milieu hospitalier et servant aussi à réaliser les sacs mortuaires, les flacons de parfum sont en rebut de Murano ...
Cette installation porte un regard aigu, critique et amusé, sur le monde féminin dans notre société. Mais elle va au-delà. L’art de feinte imitation d’Enrica Borghi interroge notre désir en même temps qu’elle nous enrobe dans l’idée d’un espace contaminé.
Enrica Borghi est née en 1966, elle vit et travaille à Novara.
Bio boutique est sa première exposition personnelle en France
Complément d'information
Le Parvis centre d’art contemporain est tout à fait unique car situé en plein coeur d’un centre
commercial. Les personnes qui viennent voir ses expositions peuvent aussi passer au salon de
coiffure, chez le cordonnier, à la librairie ou à la parfumerie, profiter pour faire leurs courses de la
semaine au supermarché... Cela n’offre aucune difficulté.
Dans cette situation peu commune, Enrica Borghi considère le centre d’art comme un local à louer
comme un autre et choisit d’y installer une boutique de plus : une très tendance boutique de
lingerie, beaux vêtements et accessoires féminins -élégants déshabillés, petites culottes et
soutiens-gorge sexy, mules raffinées, parfum rare « Souvenir de Venise »...-. Elle offre au
visiteur/consommateur forcément troublé un mirage de luxe, de fashion. C’est ainsi que sa
boutique joue la concurrence, par le plus de rêve, le plus de désir.
Mais à y regarder de plus près, des ambiguïtés et des glissements se révèlent. Ainsi, le mobilier de
la boutique, très chic, est fait de bouteilles d’eau en plastique et pourrait avoir été conçu par un
designer dans la tendance recyclage et environnement. La musique d’ambiance elle-même, conçue
par Giuseppe Gavazza, est un jeu subtil et ambigu entre naturel et synthétique.
La lingerie et les vêtements sont confectionnés avec des vêtements jetables à base d’amidon de
maïs utilisés par exemple dans les milieux hospitaliers. Ce matériau écologique sert aussi à réaliser
des sacs mortuaires. Du coup, la petite culotte ou l’élégant déshabillé perdent de leur glamour ...
Les guipures et ornements de ces articles de luxe objets de désir sont des écorces d’agrumes ou des
pétales de fleurs séchées issus de ces pots-pourris qui décorent et parfument avec tant de naturel
nos intérieurs forcément cosy. Ici, l’ironie pointe sous la - simili - dentelle.
Les flacons du parfum « Souvenir de Venise » sont tirés à peu d’exemplaires et réalisés en verre de
Murano*, mais avec du verre de rebut, bien entendu. Ils n’en seront que doublement désirables : à
la fois rares et recyclés, autrement dit exceptionnels, extravagants.
Le catalogue même et son esthétique pochette jouent entre publication commerciale raffinée et
produit issu de la récupération. D’un logo de recyclage, l’artiste a su faire sa propre marque.
Car la boutique du paraître (mais le paraître est-il vraiment opposé à l’être ?) d’Enrica Borghi est
une Bio-Boutique, le comble de la tendance, mais aussi une réelle et légitime préoccupation
aujourd’hui.
Avec cette installation, l’artiste continue à porter ici son regard aigu, critique et amusé, sur le
monde féminin dans notre société consumériste si paradoxale. Mais elle va au-delà. Son art de
feinte imitation nous permet le déplacement pour nous donner à nous considérer, nous qui existons
à travers nos désirs et désirons aussi vite que nous jetons les objets de nos désirs. Nous qui nous
confondons avec nos désirs, les nôtres ou ceux qu’on nous donne pour tels. L’aliénation est la
contrepartie de l’assouvissement -jamais fini- de nos désirs.
Heureusement, l’art d’Enrica Borghi peut encore les recycler. Pour notre plus grand plaisir.
O. Biec
Un catalogue a été édité à l’occasion de l’exposition :
Biò by Enrica Borghi - 2004
Co édition : Studio d’Arte Raffaelli, Trento ; Le Parvis centre d’art contemporain, Ibos. 63 p.
français-italien. Textes : Odile Biec - Mariella Rossi Prix public : 7 €
* avec la collaboration de Berengo Fine Arts, Murano
commercial. Les personnes qui viennent voir ses expositions peuvent aussi passer au salon de
coiffure, chez le cordonnier, à la librairie ou à la parfumerie, profiter pour faire leurs courses de la
semaine au supermarché... Cela n’offre aucune difficulté.
Dans cette situation peu commune, Enrica Borghi considère le centre d’art comme un local à louer
comme un autre et choisit d’y installer une boutique de plus : une très tendance boutique de
lingerie, beaux vêtements et accessoires féminins -élégants déshabillés, petites culottes et
soutiens-gorge sexy, mules raffinées, parfum rare « Souvenir de Venise »...-. Elle offre au
visiteur/consommateur forcément troublé un mirage de luxe, de fashion. C’est ainsi que sa
boutique joue la concurrence, par le plus de rêve, le plus de désir.
Mais à y regarder de plus près, des ambiguïtés et des glissements se révèlent. Ainsi, le mobilier de
la boutique, très chic, est fait de bouteilles d’eau en plastique et pourrait avoir été conçu par un
designer dans la tendance recyclage et environnement. La musique d’ambiance elle-même, conçue
par Giuseppe Gavazza, est un jeu subtil et ambigu entre naturel et synthétique.
La lingerie et les vêtements sont confectionnés avec des vêtements jetables à base d’amidon de
maïs utilisés par exemple dans les milieux hospitaliers. Ce matériau écologique sert aussi à réaliser
des sacs mortuaires. Du coup, la petite culotte ou l’élégant déshabillé perdent de leur glamour ...
Les guipures et ornements de ces articles de luxe objets de désir sont des écorces d’agrumes ou des
pétales de fleurs séchées issus de ces pots-pourris qui décorent et parfument avec tant de naturel
nos intérieurs forcément cosy. Ici, l’ironie pointe sous la - simili - dentelle.
Les flacons du parfum « Souvenir de Venise » sont tirés à peu d’exemplaires et réalisés en verre de
Murano*, mais avec du verre de rebut, bien entendu. Ils n’en seront que doublement désirables : à
la fois rares et recyclés, autrement dit exceptionnels, extravagants.
Le catalogue même et son esthétique pochette jouent entre publication commerciale raffinée et
produit issu de la récupération. D’un logo de recyclage, l’artiste a su faire sa propre marque.
Car la boutique du paraître (mais le paraître est-il vraiment opposé à l’être ?) d’Enrica Borghi est
une Bio-Boutique, le comble de la tendance, mais aussi une réelle et légitime préoccupation
aujourd’hui.
Avec cette installation, l’artiste continue à porter ici son regard aigu, critique et amusé, sur le
monde féminin dans notre société consumériste si paradoxale. Mais elle va au-delà. Son art de
feinte imitation nous permet le déplacement pour nous donner à nous considérer, nous qui existons
à travers nos désirs et désirons aussi vite que nous jetons les objets de nos désirs. Nous qui nous
confondons avec nos désirs, les nôtres ou ceux qu’on nous donne pour tels. L’aliénation est la
contrepartie de l’assouvissement -jamais fini- de nos désirs.
Heureusement, l’art d’Enrica Borghi peut encore les recycler. Pour notre plus grand plaisir.
O. Biec
Un catalogue a été édité à l’occasion de l’exposition :
Biò by Enrica Borghi - 2004
Co édition : Studio d’Arte Raffaelli, Trento ; Le Parvis centre d’art contemporain, Ibos. 63 p.
français-italien. Textes : Odile Biec - Mariella Rossi Prix public : 7 €
* avec la collaboration de Berengo Fine Arts, Murano
Autres artistes présentés
Enrica Borghi
Partenaires
Galleria Studio d'Arte Raffaelli, Trento
Horaires
mardi - samedi 11h-13h et 14h-18h30
Accès mobilité réduite
Oui
Adresse
Le Parvis
Centre commercial Méridien - 1er étage
Route de Pau
65421 Ibos
France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022