Between Looking and Seeing

Exposition
Arts plastiques
gb agency Paris 03
Vue d'exposition, Between Looking and Seeing, Photo Aurélien Mole

Empruntant son titre à l’installation de Ryan Gander, notre exposition, Between Looking and Seeing, interroge la manière dont nous percevons les œuvres d’art, au travers de regards furtifs noyés dans la multitudes des images quotidiennes de nos réseaux sociaux ou, au contraire, dans un état de contemplation méditative.

Intervals Between Looking and Seeing (2021) de Ryan Gander ouvre l’exposition avec un amoncellement de torches de formes et d’époques différentes. Elles sont toutes éteintes à l’exception d’une seule, obstinée, qui s’allume par intermittence, comme si elle allait manquer de batterie. Les lampes agissent comme des projecteurs du regard et de l’esprit, souvent nous ne percevons les œuvres d’art que pendant un instant imprévisible, dans une sorte de faisceau lumineux de notre attention.

Complément d'information

Ping Pong U.F.O. (2004) de Julius Koller, fait partie des travaux paradigmatiques de cet artiste dans lesquels il invite les spectateurs à changer leur façon de percevoir les diktats de la société en modifiant les règles et les champs de jeu. À partir du milieu des années 1960, l’artiste slovaque a réalisé de petits actes interruptifs dans des espaces publics et privés, créant des situations qui suggèrent comment la réalité peut être et devenir autre. Ces actes discrets pouvaient consister, par exemple, à organiser des matchs de tennis de table dans des espaces d’art. Cette œuvre est complétée par U.F.O. - Image, Anti-Image, 1978 (U.F.O. - Obraz, Anti-Obraz, 1978). En écho à l’exploration spatiale, Julius Koller imagine vers 1970 un système de signes sous forme d’anneaux de Moebius adressé aux extraterrestres. Le nœud de Moebius, qui s’enroule sur lui-même en se déployant à l’infini, est un symbole du continu, ici visiblement marqué par les lettres U.F.O. Une action centrale dans le travail de Koller consistait à trouver des permutations toujours nouvelles de cet acronyme. Pour l’artiste, “U.F.O.” est l’incarnation linguistique de la fluidité qu’il a cherché à atteindre et à communiquer tout au long de sa vie. Parmi les significations de U.F.O. présentes dans d’autres œuvres, on trouve notamment Artistically Fantastic Original (1977), Universal Futurological Orientation (1971) ou Universal Physical-Cultural Organisation (1975-79).

Délimitant l’espace, Jiri Kovanda prend le relais de Koller pour modifier notre regard. Dans One Round Table (2008), Kovanda transporte la “rondeur” vers l’imaginaire, tandis que la table réelle est maintenant déconstruite dans l’espace. Ici, le public reconstruit mentalement la table ronde tandis que l’artiste décentralise notre regard vers les coins de la pièce.

Que montre une œuvre d’art ? Que nous cache-t-elle ? L’ambivalence de l’acte créatif est mise en évidence par les peintures d’Apostolos Georgiou, dans lesquelles l’artiste joue à cache-cache avec la réalité, évoluant entre les domaines de la mémoire et du rêve, du sérieux et de l’absurde.

Chacune des œuvres de Ryan Gander - installation, photographie, sculpture, peinture, conférence, vidéo - incarne une idée nouvelle tout en stimulant l’imagination et la réflexion du spectateur. L’artiste procède souvent par association d’idées : un signe, une image, un visage, suscitant de nouvelles réflexions et se souciant peu des hiérarchies entre culture “ellitiste” et culture “populaire”.


Ses aspirations théoriques - le travail de Ryan Gander apporte de la matière à la réflexion sur l’Art et ses fonctions - croisent des préoccupations personnelles et subjectives, souvent ponctuées de références autobiographiques. Par exemple, sur notre fenêtre se trouve une sculpture, A lamp made by the artist for his wife (Sixteenth attempt) (2013) faisant partie d’une série en cours dans laquelle Gander tente de concevoir et réaliser une lampe pour sa femme, en récupérant et en assemblant des objets et des éléments utilitaires, achetés dans un magasin de bricolage. Fonctionnelle et sculpturale, l’œuvre résulte d’une intention très directe qui contraste avec la nature conceptuelle de son approche. D’une certaine manière, le ready- made duchampien dégage un sentiment de jubilation et d’amusement, les objets associés trouvant une nouvelle valeur, scénarisée par l’artiste et le titre narratif qu’il donne à l’œuvre. Depuis, chaque nouvelle lampe qu’il crée est numérotée comme une “tentative”, l’utilisation de ce terme impliquant l’idée d’un “échec” inéluctable; un terme qui n’est pas tout à fait exact, étant donné le plaisir que l’artiste prend à la concevoir et à la dessiner.

Ce que nous attendons d’une œuvre d’art se confronte à la volonté de l’artiste d’échapper au sens, préférant rester dans un monde insondable, une dualité trouble de l’être et du savoir. Le travail de Hassan Sharif conclut l’exposition avec le tableau The Flying House No. 35 (2008), insistant sur l’ambivalence révélatrice des œuvres exposées.

Adresse

gb agency 18 rue des 4 Fils 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 20 avril 2023