Sans contrefaçon

Après les deux expositions présentées par Carlos Kusnir en 2018, au Frac Paca et à la Friche Belle de Mai, Sans contrefaçon se propose de relayer les derniers développements d’une pratique aussi prodigue que constante. Outre le fait qu’il fasse partie de ces artistes pour qui seule l’exposition est en mesure de donner lieu à l’œuvre, Carlos Kusnir développe une œuvre dont le foisonnement est sans cesse en progrès, rendant précisément cette nouvelle exposition si pressante. Elle est également une occasion de stimuler la visibilité de son travail à Marseille, c’est-à-dire à l’endroit même où l’auteur vit et opère depuis plusieurs décennies, et qui, par ses caractéristiques paradoxales, constitue un milieu sans nul doute propice au déploiement de l’œuvre, un contexte avec lequel elle entre immanquablement en résonance.

Il ressort de cet écho quelques traits saillants, qui relèvent tout à la fois du cosmopolitisme, de la diversité et de la mixité d’une part, de l’incertitude, de l’aventure et de l’empirisme de l’autre. Ses productions se traduisent ainsi par toute sorte de combinaisons et de confusions, d’intrications et d’articulations, d’accidents et d’édifices imprévus. En témoignent les rencontres fortuites de régimes picturaux et de lexiques plastiques, le statut équivoque de peintures qui s’expriment en volumes, ou l’emploi de techniques de reproduction aux seules fins de concevoir des pièces uniques. En atteste encore le recours indiscriminé à des registres culturels relevant du savant comme du populaire, et le caractère révocable d’un résultat sans cesse recyclé ou recombiné dans le temps et l’espace.