AURÉLIE BELAIR - amuleto

Exposition
Arts plastiques
Galerie Jérôme Pauchant Paris 03

« Le secret est dans les nerfs. Dans les nerfs qui se tendent et s’étirent pour atteindre les limites de la sociabilité et de l’amour. Les limites aiguisées à faire peur de la sociabilité et de l’amour. »1

S’affranchissant de la notion d’objet-tableau, les instruments de la peinture sont utilisés pour en conserver les « à-côtés ». Les traces générées par le travail au sein de l’atelier sont saisies pour rendre visible ce qui, communément, reste au rang d’expérimentation. À l’inverse de l’expérience scientifique, la pratique ne sert ni hypothèse ni constat. Dans une reformulation perpétuelle, le recyclage formel confine au bégaiement. Cette méthode justifie alors un travail sériel dans lequel le matériau résiduel devient une matière absolue, c’est-à-dire un acte. 

« amuleto » rassemble au sein de la galerie Jérôme Pauchant les treize sculptures, Sans titre – Amulet (2016 – 2017), en un paysage de grandes toiles (lin, chanvre, coton, toile de transport...) nouées selon le rituel des amulettes sud-africaines. Traditionnellement, le nœud incarne le désir de maîtriser les aspects pratiques de la vie quotidienne. Nouer est symbolique : la main actionne le monde par métaphore.

Du fait de sa définition originale, on pense communément que l’amulet – substantif masculin employé dans le Dictionnaire critique de la langue française (1787-1788) – est un fétiche qui se porte sur soi. Pourtant, on retrouve chez différentes populations africaines les « Nœuds de lianes » que l’on croise en forêt et qui symbolisent une grande puissance d’attache et de liaison. Afin de se protéger du génie de la nature, envisagée comme un univers hostile, l’amulette lui emprunte ses éléments (bois, racine, coton, minéraux...).

Plus que la pensée animiste – qui consiste à faire d’esprits les causes des processus naturels – c’est le processus de fabrication qui œuvre. Dans le geste primitif de nouer se formalise le souhait pour le cas de l’amulette, la pensée pour celui de l’objet d’art. Agissant comme un performatif, le sens se confond avec l’énonciation : « La chose n’est pas décrite. Elle se produit. »2

Les œuvres témoignent d’une confrontation antérieure et invisible comme l’amulette qui « est la continuation, même lointaine, d’un rite et fonctionne sans autre cérémonie. »3 La toile de peinture supporte, concentre et célèbre les faits passés : elle vestige le travail. L’objet installe la durée. Il est totem de l’événement survenu par coïncidence entre intentions et hasard.

Frontière de l’exotique, « amuleto » territorialise la rencontre entre culture anthropologique et culte. Il concilie l’héritage culturel et dogmatique de l’écriture avec les coutumes issues des répliques et mutations du langage. Sans titre Amulet (2016 – 2017) investit l’entre-deux de la transmission – orale ou graphique – des éléments de croyance. Le projet définit nécessairement cette dialectique puisque la chose re-dite subit des évolutions et que la chose écrite statue par son positionnement étranger à elle. Ainsi la notion de concept tend vers l’idée de spirituel. Cessant d’être générale, elle devient individuelle et abstraite.

 

Aurélie Belair (née en 1987, en France) vit et travaille en Bourgogne et à Paris. Elle est diplômée de L’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Dijon en 2009, sous le mentorat de Marc Camille Chaimovicz. Depuis 2009, elle a participé à de nombreuses expositions collectives dont le Salon de Montrouge en 2011, le Festival de la Jeune Photographie Européenne et « Les Voyages des Onironautes » organisé par Projective City basé à New-York et à Paris, et d'expositions personnelles dont la galerie de l'Association Premier Regard en 2012, soutenue par l’historienne et écrivain Anne Martin Fugier. En 2015, Aurélie Belair est finaliste pour le Prix Talents Contemporains de la Fondation François Schneider. Elle développe une pratique picturale aux frontières de la sculpture, que la critique d’art Laure Jaumouillé qualifie de « Préhistoire du Discours ».  

Complément d'information

Aurélie BELAIR (1987)
amuleto
19 mai - 3 juin 2017

Horaires

Mercredi-Samedi 14h-19h

Adresse

Galerie Jérôme Pauchant 61 rue Notre Dame de Nazareth 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022