Aubin Chevallay

Aubin Chevallay se sert de photographies pour peindre. Elles sont cadrées afin d'aider au mieux le peintre dans sa mise en peinture. Le support photographique est moins brut que la réalité et laisse place à la mémoire et aux sentiments. C'est ce flou et cette distance qui permettent à Aubin Chevallay de retransmettre fidèlement sa propre émotion face au visible. C'est donc le témoignage d'un moment passé, à la fois support d'un souvenir et transition vers l'oeuvre qui remplace la réalité, aujourd'hui trop franche et trop froide pour Aubin Chevallay. Il affirme avoir besoin de retrouver son propre ressenti face au lieu, afin de mieux traduire et matérialiser ses émotions dans la peinture. Revient alors ce qui reste des choses, l'essentiel à ses yeux, les formes qui apparaissent avec le temps, la lumière... Les oeuvres d'Aubin Chevallay sont un mélange de souvenirs immortalisés par le réel qu'impose la peinture. Le bleu, un triangle formé par une vague... Aubin Chevallay est ému par l'abstraction et s'en sert comme composante essentielle dans son travail. Il veut s'éloigner de la réalité scientifique, de l'image brute, du naturalisme. C'est en ayant en tête l'oeuvre finie avant même de l'avoir commencée qu'il cherche ce qu'il appelle une zone de silence ou les choses tiennent toutes seules, cet arrêt du regard qui lui permet à nouveau de pouvoir se promener. C’est la construction du tableau qui l’intéresse, et le moment où elle s’arrête : coller au « modèle » et laisser faire. Pourquoi là et pas ailleurs, quand les choses sont là et quand elles disparaissent. Laisser le tableau en dehors de soi, finalement, c’est quand ça n’a pas d’importance que ça marche le mieux. Tout doit avoir une raison « sans raisons ».