Au-delà du miroir
L’exposition « Au delà du miroir », installée dans le château du Haras national de Tarbes, présente le travail de plusieurs artistes nationaux et internationaux autour de la question du conte, de l’enfance et de la nature. C’est un voyage onirique vers le sensible et l’expérience intérieure du monde que propose l’exposition en même temps qu’un renouveau de la relation que nous entretenons avec le vivant, animal ou végétal.
Et en effet, le château appelle à la rêverie et à l’imaginaire. Il est tout à la fois enchanteur puisque lové au cœur d’un superbe parc paysager où trônent arbres centenaires et écuries qui accueillent les plus beaux chevaux du territoire. Et inquiétant car il conserve encore les vestiges d’un mobilier
d’époque qui semble avoir été abandonné lors de la fuite ou de la disparition soudaine des occupants des lieux. Depuis, tout paraît figé, comme arrêté dans le temps. Et c’est dans cet étrange décor, semblable à celui d’une maison hantée, que se déploie une exposition en forme de conte dont la fonction serait de former notre rapport et notre compréhension du monde en même temps que de développer l’intensité nos vies intérieures.
Ou plus simplement, comme l’écrivait le psychanalyste Bruno Bettelheim de faire émerger « La vie devinée de l’intérieur ».
L’art contemporain s’est depuis longtemps emparé de l’univers de la mythologie, des légendes et des contes, s’inspirant de leur puissance poétique ou de leur force subversive. Ainsi fées, monstres et autres personnages inquiétants peuplent régulièrement les créations des artistes d’aujourd’hui.
Dans l’exposition « Au-delà du miroir », les œuvres, sans faire explicitement appel à un conte ou un personnage en particulier, dialoguent en tension, échos visuels et apparitions avec une narration qui puise dans le fantastique, le merveilleux, l’enchantement et l’effroi. Là en effet, il n’existe pas de
ligne de démarcation nette entre le dedans et le dehors, entre le monde intérieur et extérieur, ni entre une nature qui serait inanimée et les éventuels habitants du lieu, pourvus, eux, d’âmes et d‘intelligence. Bien au contraire, doués de vie, arbres et animaux deviennent les héros de l’histoire et se déploient dans l’espace tandis que c’est l’absence ou plutôt la présence fantôme de l’enfant ayant habité l’endroit qui étrangement se fait remarquer.
C’est ainsi qu’à travers un récit aussi familier qu’insaisissable l’exposition fait circuler le visiteur au cœur d’une constellation d’objets et d’images qui se recomposent un souvenir, une inquiétude, une solitude, un fantasme …