Art of Living (i.e. : Goodbye, Blue Monday)
Pour la première fois, à l'initiative conjointe du Palais de Tokyo et du
Comité Professionnel des Galeries d'Art, institutions et galeries s'associent
autour du projet "Nouvelles Vagues". De jeunes commissaires sélectionnés
par un jury international proposent un regard sur l'art de notre temps au
Palais de Tokyo et dans 31 galeries.
Cette exposition est une adaptation. Ou plutôt, cette exposition est un prétexte. Un prétexte pour
parler d'autres choses, et quand nous parlons de "choses", il faut entendre tous les objets de notre vie :
objets avec lesquels nous avons vécu, objets que nous avons observés, devenus matière à réflexion, utilisés
et ré-injectés – comme partie matérielle du « monde » - à l’intérieur des oeuvres. On pourrait la résumer
ainsi, avec une explication « existentielle » du matérialisme brut tirée du préambule du Déjeuner des
champions de l'auteur américain Kurt Vonnegut1.
Les dessins inclus dans ce texte sont du célèbre auteur, membre de l' "American Academy of art
and science" et du "National Institute for Arts and Letters". Il est intéressant de souligner que sa
production traite de thèmes simples et fait référence à des genres souvent considérés comme « mineurs »,
comme la science-fiction (nous devrions plutôt parler de Surréalisme). Elle a toujours été cependant une
tentative d'élever le débat à travers des événements de la vie de chacun, aussi abstraite et excessive soitelle.
« Mon dessin d'une couleuvre, par exemple. Ils n'auront aucun mal à le reconnaître
comme une couleuvre et à se dire en eux-même : "couleuvre". »2
L'auteur pose ainsi un aphorisme simple et évident qui dissimule pourtant un point de vue instrumental de
la vie comme un champ libre dans lequel "saisir" toutes les "choses" qui nous constituent comme si elles
étaient un portrait résiduel de nous-mêmes.
A son origine, ce projet se propose de porter dans l'espace de la galerie des morceaux de vie,
vécue ou mentale, et d'organiser une exposition où les oeuvres sont composées d'objets du réel. Ces
dernières proposent alors au regardeur un "imaginaire" et donc un "champ sémantique ouvert", s'offrant à
nous comme une "liste" de Georges Perec, l'auteur des Choses. A travers une proposition aussi frontale et
objective que possible, Art of Living voudrait "illustrer" le vécu des gens à travers leurs objets, c'est-à-dire
des Etres Matériels. En un mot, il y aura dans l'exposition des objets que nous avons "vécus", et qui font
désormais partie d'une oeuvre d'art. Se référant toujours au dessin de Vonnegut, nous pouvons dire que
les "choses" (ce qui reste de nos vies), même re-contextualisées, ne se trouvent pas nécessairement
chargées d'un autre sens. Composant des oeuvres d'art, elles deviennent de nouveaux "retour à zéro"
dans le temps cyclique et fermé. Comme lorsque l'on dit sarcastiquement, à chaque recommencement
d'une nouvelle semaine pourtant prévisible "Adieu, triste lundi".
Cette exposition est née d'une conversation entre Philippe et Frédérique Valentin et l'artiste Luca
Francesconi, qui présente dans le cadre de ce projet une série d'entretiens sur le thème de l’objet.