Anne-Charlotte Yver & Cuchi White
Anne-Charlotte Yver, Sans Titre, 2012
Anne-Charlotte Yver
Mécanismes Parallèles
21.06 / 21.07.2012
L’œil entre deux lignes parallèles ne les verra jamais à une distance assez grande pour qu’elles se rencontrent en un point.
c. a. 120 r. d
les carnets de léonard de vinci
quelques dessins planifient, par leur logique aussi implacable qu’opaque, une construction mentale utopique où une forme minérale pourrait permuter selon un ordre parfait, circulaire et infini. cet ordre est fondé sur une aberration de la perspective : les proportions de chaque dessin de la métamorphose de cette forme à partir d’un point central sont appliqués au champ de la sculpture, donnant lieu à une nouvelle construction. une position extraite parmis les 360 variations de degrès possibles, autour de ce centre, donc.
toute tentative concrète d’édification de cette forme dans l’espace prend alors une tournure monstrueuse. la structure du coffrage, trop fragile, se déforme et s’ouvre sous la pression du béton. la verticale penche, la matière se fissure, les angles s’éffritent. les flux chaotiques de matière se cristalisent pour devenir surface visuelle.
face à ce mutant pétrifié, deux plaques sérigraphiées sont posées, verticales, contre le mur.
une structure en béton armé est reconstruite, pour la seconde fois, ne tenant que par la tension de son poids, du mur au sol. le déplacement dans l’espace transforme sous le regard mouvant le parallélisme des lignes en géométrie incertaine, précaire.
une plaque de béton couverte d’une brume noire est retenue par du caoutchouc, son centre de gravité est déplacé.
le tapis de goudron isolant est enroulé pour être rangé. redressé du sol dans un dernier geste sculptural il vient matérialiser, là ou les autres pièces semblent échouer, la verticale et l’horizontale par la simple torsion naturelle de son corps.
A
anne-charlotte yver
CUCHI WHITE
Photographies de trompe l’oeil Années 75-80
Extraits du livre « L’oeil ébloui» avec Georges Perec
21.06 / 21.07.2012
« de la gare du nord à bruxelles aux églises baroques italiennes, cuchi White nous entraine dans un voyage où des facades deviennent visages, où des chats dorment aux fenêtres, ou les fausses moulures semblent plus vraies que nature. ces trompe-l’œil cuchi White les a traqués dans le monde entier dans les rues et les palais : ses photographies exercent une véritable fascination qui est de l’ordre du merveilleux ou du rêve. »
“ la définition d’un trompe-l’œil est apparemment simple : c’est une façon de peindre quelque chose de manière que cette chose ait l’air non peinte, mais vraie; ou, si l’on préfère, c’est une peinture qui s’efforce d’imiter à s’y méprendre le réel. ” georges perec
cuchi white a mené une longue quête récoltant des clichés de trompe-l’œil de toutes époques à travers l’europe et les etats-unis : des fresques de pompei, de giotto à de petites bourgades autrichiennes, aux murs de manhattan, de paris à milan, de pise à londres, d’amsterdam à l’alhambra. elle a pu collecter au hasard de ses pérégrinations, cet espace de peinture particulière car monumentale.
c’est une série axée sur la décoration des églises et des riches palais et de quelques images de fresques plus anciennes qui ont initié cet art, principalement en italie. “ il s’agissait davantage de jouer avec un espace restreint ou mesuré, de simuler des échappées, de faire surgir dans l’épaisseur factice d’un mur des avenues bordées de riches constructions, de creuser dans une muraille aride des colonnes, des niches, des bas-reliefs, des statues, voire dans des églises, de susciter l’illusion d’un ciel ouvert où Dieu, ses saints, ses archanges et ses trompettes apparaissent dans toute leur gloire. ”
cette sorte de peinture fascine car elle nous fait réaliser la tromperie dont nous sommes finalement les victimes consentantes. nous voulons accroître cette magie de lieux enchanteurs, cette tangibilité du rêve. un délicieux trouble s’empare de nous. “ qu’est ce qui est vrai ? qu’est ce qui est faux ? cette fenêtre, cette ombre trop bien dessinée, ces moulures à l’éclairage velouté de fin de journée… ”
comme dit georges perec, ce ne sont pas des photographies de murs mais l’écho de nos désirs d’ailleurs, de paradis enfin trouvés. face à un trompe-l’œil, un pas suffit pour transformer l’illusion d’une réalité apparente en une certitude d’avoir découvert la réalité de l’illusion. A chacun d’établir ses propres frontières…
ces citations sont extraites de la préface du livre “ l’œil ébloui ” de cuchi white edition du chêne 1981
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