Allan Sekula
Vue d'exposition
Courtesy de l'artiste et Michel Rein, Paris/Brussels
© Aurelien Mole
"Avant de quitter la Californie pour New York en 1974 et après mon retour l’année suivante, j’ai préparé et photographié quelques séquences assez brèves, qui recouraient souvent à une sorte de mise en scène sur un registre pince sans rire ou comique. Ces séquences n’avaient jamais été tirées. Elles ont disparu entre les œuvres des débuts des années 70, comme Aerospace Folktales, et les projets de la fin de cette décennie là, comme School Is a Factory.
Je me souviens d’avoir été particulièrement ennuyé par la position qu’avait prise l’exposition de la George Eastman House à Rochester en 1975, New Topographics, même si j’aimais l’œuvre de la plupart des photographes qui y participaient. On y voyait un paysage modifié par les hommes, de manière parfois absurde, mais aucune vraie présence humaine ou sociale. En 1976, je plaisantais en disant que c’était l’école de la “bombe à neutron” de la photographie : on tue les gens mais on protège l’immobilier.
Et donc l’alternative que je tentais avec ces photos se voulait une manière de suggérer que la topographie sociale est inévitablement un terrain de conflits, de lutte des classes, d’opérations immobilières, de nettoyage ethnique, de répression et d’impérialisme. Ce qui est particulièrement vrai sur le sol californien où les ossements des premiers habitants craquent sous chacun de nos pas."
Allan Sekula, Translation and Completion, 2011