ALKIS BOUTLIS

Lettres à Sibylla
Exposition
Arts plastiques
Galerie Suzanne Tarasiève Paris 03

ALKIS BOUTLIS
Lettres à Sibylla
12 septembre - 10 octobre 2015
Vernissage samedi 12 septembre 2015 de 18h à 21h


« En tout cas, le masque, le tatouage, le fard sont des opérations par lesquelles le corps est arraché à son espace propre et projeté dans un autre espace. » Michel Foucault, Le corps utopique,1966


Il y a une évolution importante dans lʼoeuvre dʼAlkis Boutlis depuis sa première exposition
personnelle il y a sept ans à la galerie Suzanne Tarasiève. Jadis proche des farces des frères
Chapman, frôlant le mauvais goût et le bad painting, jouant lʼArlequin, le moqueur ludique, un peu
obsédé, un peu romantique noir, le travail de ce diplômé des Beaux-Arts de Saint-Etienne (en
2002) et de la Norwich School of Art & Design (en 2004) fait désormais appel aux grands maîtres
de lʼhistoire de lʼart. Avec 33 oeuvres dont 13 gouaches sur papier, 16 huiles sur bois, 2 gouaches
sur bois et 2 clichés verres, il amène le spectateur des univers de L. Cranach à L. Spilliaert,
d'Euripide et Ovide à P. Klossowski et N. Kazantzakis. « Après mes céramiques et dessins
pulsionnels, » dit lʼartiste, « jʼétais bloqué en quelque sorte. Il mʼa fallu me plonger dans lʼhistoire
de lʼart pour trouver de nouvelles questions. Pas des réponses, des questions. »


Alkis Boutlis étudie des tableaux anciens pour en faire un mash-up savant. Il reprend des
techniques de la peinture dʼicônes et celles de la peinture du XVe siècle, peint minutieusement à
lʼhuile sur bois, utilise des pinceaux très fins, des loupes pour agrandir, les formats de Vermeer,
et sʼinspire de Velázquez. Aussi, il réutilise la technique du cliché-verre : il dessine sur une plaque
de verre quʼil pose ensuite sur du papier photosensible pour en faire un cliché. Par cette
technique de reproduction de première heure, il intègre dans la structure même de ses images ce
qui hante la peinture contemporaine : le gène cinématographique.


Avec le cinéma, la cohésion des corps et des choses a éclaté. Alkis Boutlis les reconfigure « pour
créer un vortex imaginaire et composer un espace sans temps ni lieu. » Tel un Quentin Tarantino
de la peinture, il avale histoire, techniques, symboles, icônes, formes – et les recrache pour en
faire une nouvelle narration. La peinture devient actrice, parlant à travers son masque sans
sʼadresser à nous. Plus exactement elle se parle à elle-même écoutant sa voix réverbérée par la
face intérieure du masque. Une voix distordue, déplacée, arrachant des images de leurs corps
pour les faire vivre ailleurs.


J. Emil Sennewald


Critique, journaliste, professeur de philosophie à lʼécole supérieure d'art de Clermont Métropole (ESACM), travaille pour le compte de différents journaux et revues, dont « Kunst-Bulletin » (Zurich, Suisse), « Kunst&Auktionen », « Die Zeit » (Berlin, Allemagne), « Roven » (Paris).
Voir aussi : Réponse à une lettre qui nʼen attend pas, texte pour le catalogue de lʼexposition, du même auteur.

Horaires

Mar.–Sam. 11:00 - 19:00 & sur rdv

Adresse

Galerie Suzanne Tarasiève 7, rue Pastourelle 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022