Alain Séchas Rêve brisé

Avec Alain Séchas, le musée Bourdelle poursuit son programme d'expositions consacrées à la création contemporaine initié en 2004. A la faveur de cette invitation, carte blanche a été donnée à l'artiste qui a choisi de travailler avec le lieu et les divers aspects de l'oeuvre du sculpteur. Il présentera, à cette occasion, ses toutes dernières réalisations. La figure du chat, apparue en 1997 au sein d'une oeuvre protéiforme empreinte de burlesque ou d'absurde, s'efface aujourd'hui. Alain Séchas recentre son propos sur des pratiques qui semblent suspendre le recours aux dessins d'humour et aux anti-héros et exalter l'efficacité du trait. L'exposition présentée au musée Bourdelle témoigne de cet infléchissement. Elle comporte une sculpture ainsi que des dessins et des peintures inédits. Une sculpture électromécanique et sonore, en polyester blanc, prend place dans le Hall des plâtres, aux côtés des oeuvres de Bourdelle. Investissant avec cet avatar une figure mythologique chère à l'hôte de ces lieux, Alain Séchas en porte le mouvement à son accomplissement. Les salles en enfilade situées au coeur du musée abritent des ensembles de dessins et de peintures. Ces travaux utilisent des outils et des techniques usuels : crayons, pastels, feutres, peintures acryliques. Réalisés sans dessin préalable, sans agrandissement, selon un mouvement de rotation du support, et dans une continuité temporelle, ils se caractérisent par l'usage libre de la ligne et de la couleur, et la disparition de la figure ou de l'anecdote. "Critérium", dessins exécutés à la mine de plomb sur papier, présente tantôt des amas de lignes brisées, variations infinies sur le noir, évoquant des cristallisations, des mouvements de houle, tantôt des lignes investissant avec furie une surface qui n'aurait pas de limite. "Grigri", dessins exécutés au feutre acrylique sur carton ondulé ou "Gobelins", pastels sur papier, montrent les chevauchements, superpositions, étoilements, effacements de lignes suscitant des effets de transparence. Les peintures acryliques sur carton procèdent du même geste. Enchevêtrements, jaillissements, disparitions de lignes souples esquissées ou plus affirmées de couleurs multiples occupent jusqu'à saturation une surface parfaitement mate. Un ouvrage publié aux Editions Paris musées accompagne l'exposition. Il reproduit une sélection d'oeuvres exposées et comporte un avant-propos de Juliette Laffon, directrice du musée Bourdelle, un entretien de Patrick Javault, critique d'art, avec l'artiste, ainsi qu'un texte inédit de Stefano Chiodi, critique d'art.