ALAIN GOETSHY
LA NATURE LE SAVAIT-ELLE?
L'image même de notre temps pourrait être celle de notre clavier d'ordinateur. Je l'ai aujourd'hui sous les yeux et à l'instant même où je vais l'utiliser pour vous dire l'intérêt que porte Alain Goetschy à l'apparence d'un mouvement potentiel à rendre des images suspendues dans le temps, des images qui nous survivront, des images d'une nature morte. Il y a une dérision à cacher d'authentiques dessins sous les touches d'un ordinateur connu pour ses images virtuelles. Le dessin efface les lettres qui pourraient servir à le raconter au bout d'infinis algorithmes. C'est une belle façon de lui donner sa vérité dont parlait Ingres.
L'œil, qui peut encore porter témoignage de l'existence de l'homme, est en train de disparaître ou de se rendre à la nature sans, à aucun moment, laisser supposer qu'il y ait vécu. Ce qu'il a nommé paysage, et le serait encore, si perdurait le souvenir de son regard.
Goetschy laisse ce regard à la durée. Cette persistance à voir et à prévoir, c'est l'aventure de ces chemins vidés de l'homme quand les chemins creux gravaient autrefois sa présence. S'il est vrai que la mer se recommence, qu'en est-il des forêts, des sommets, des éléments condamnés à être leurs propres géniteurs aveugles. L'homme ne méritait pas ses yeux; la nature le savait-elle?
Bernard Plasse
Tarifs :
Gratuit