AGENCE - Assemblée (Générique et spécifique)

Exposition
Arts plastiques
Le Grand Café Saint-Nazaire

 

/* Style Definitions */ table.MsoNormalTable {mso-style-name:"Tableau Normal"; mso-tstyle-rowband-size:0; mso-tstyle-colband-size:0; mso-style-noshow:yes; mso-style-priority:99; mso-style-parent:""; mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; mso-para-margin:0cm; mso-para-margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:10.0pt; font-family:"Times New Roman","serif";} AGENCE est le nom générique d’un collectif créé par l’artiste belge Kobe Matthys. Depuis plus de vingt ans, l’unique activité d’AGENCE consiste à dresser une «  liste de choses » dont la définition et le statut ne sont pas clairement établis. Ces choses sont issues de controverses publiques qui relèvent de la propriété intellectuelle, du droit d’auteur, de la protection de marques ou de brevets, et concernent des affaires de plagiat, copie, usages déloyaux, escroqueries, transformations, etc.

 

AGENCE porte une attention particulière aux objets qui n’entrent dans aucune catégorie franche et dont les liens au monde de l’art sont parfois incertains. Jeu du Millionnaire, costume de Stormtrooper (personnage iconique de Star-Wars), tire-bouchon en forme d’oreilles de lapin sont autant de cas où les auteurs sont mal identifiés ou dont le caractère fonctionnel occulte la dimension artistique. Ces choses expriment  ainsi une résistance à la classification stricte opérée par le droit entre l’original et le banal, l’individuel et le collectif, le corps et l’esprit, la nature et la culture. Le cœur de cible d’AGENCE est précisément là : dans cet exercice du doute, dans cette tentative de définir des limites à l’art face à des objets qui les outrepassent. Qu’est-ce qu’un geste artistique ? Et que révèle-t-il d’une pratique semble demander AGENCE ?

 

Pour mieux faire ressortir la nature irréductible de chaque cas, les choses sont présentées selon un dispositif très précis qui compose une installation imposante faite d’étagères, de boites remplies de documents juridiques et de pièces à conviction, et de tables présentant des cas spécifiques. L’ensemble oscille entre la salle d’archive, le cabinet de curiosité et le bureau des objets trouvés. Le classement, ici, côtoie une forme de dépassement perpétuel, dans lequel le réel peut s’approcher selon des angles inédits, des règles nouvelles. Et l’on pense à l’Atlas de Borgès comme modèle d’un système qui « secoue à sa lecture toutes les familiarités de la pensée »1.

 

Au Grand Café, AGENCE propose deux ensembles de cas issus de cette «  liste de choses ».

Une première famille de controverses s’interroge sur les objets fonctionnels, relevant du commun. « De nombreuses pratiques sont considérées comme communes, en raison de leur valeur d’usage. L’artisanat et le design d’objets utilitaires, quel que soit le degré d’achèvement et de satisfaction qu’ils offrent, ne bénéficient pas de la protection des droits d’auteur, à la différence des œuvres d’art »2. Ainsi, chaque cas interroge par le détail, au sein de sphères souvent extérieures à l’art, la manière dont un geste peut être assimilé à une création. Un dessin technique est-il une œuvre d’art ? Peut-on protéger un frisbee ou un bateau comme on protège une sculpture ? L’utilité et la fonctionnalité sont-elles incompatibles avec l’originalité ?

 

La seconde série de controverses porte sur les créations des « non-humains » comme les machines ou les programmes d’ordinateurs.

« Certaines pratiques artistiques impliquent des processus de collaborations avec des non-humains. En parallèle, les lois concernant les droits d’auteur semblent éliminer les non-humains comme auteurs potentiels. Certaines machines ont produit des œuvres sans jamais avoir bénéficié du droit d’auteur »3.  L’intentionnalité peut-elle encore être réservée au genre humain ?

Des axes de recherche qui sont par ailleurs assez proche du programme d’écologie politique énoncé par le philosophe Bruno Latour : ce dernier, notant l’impact des découvertes scientifiques sur l’organisation de la société, souhaite que la Constitution du pays prenne en compte non seulement les humains mais aussi les « non-humains ». À cette fin, il propose la création d’un « parlement des choses », dans lequel les choses seraient représentées par des scientifiques ou des personnes reconnues pour leur compétence dans un champ particulier, au même titre que les députés traditionnels représentent aujourd’hui les citoyens.4

 

Dans cet esprit, Kobe Matthys activera l’exposition lors de temps publics appelés Assemblées. À travers la présentation d’un cas spécifique, il ouvre le débat, souvent passionnant et drôle, entouré d’experts et de personnes concernées, tout en invitant le public à intervenir. C’est alors l’expérience du dialogue, de l’argumentation et de la controverse qui prévaut.

 

Ces trois invocations publiques enrichiront la quête infinie d’Agence – où la position de Kobe Matthys n’est pas sans similitude avec celle de Don Quichotte, personnage à propos duquel Michel Foucault, à nouveau, donne une belle définition du poète, « celui qui, au-dessous des différences nommées et quotidiennement prévues, retrouve les parentés enfouies des choses, leurs similitudes dispersées. »5

 

Ainsi l’exposé de ces cas réels qui s’apparente à des récits ou des fables allégoriques, soulève des enjeux légaux, philosophiques, artistiques et ouvre des brèches vertigineuses et passionnantes en termes de réflexion sur la nature profonde des choses du monde.

 

 

Notes

1 & 5- Michel Foucault, Les Mots et les Choses, Paris 1966, éditions Gallimard, préface, p. 7-11.

2 & 3 - Kobe Matthys, traduction de l’anglais Eva Prouteau

4- Bruno Latour, Nouvelles règles de la méthode scientifique, Revue Projet, 2001

Complément d'information

Place des Quatre z'horloges 44600 Saint-Nazaire France
Bureaux : + 33 (0)2 44 73 44 00 - Fax : + 33 (0)2 44 73 44 01
Espace d'exposition : + 33 (0)2 44 73 44 07
Email : grand_cafe@mairie-saintnazaire.fr

Le Grand Café est ouvert tous les jours sauf le lundi de 14H à 19h.
Les mercredis de 11h à 19h.

Commissaires d'exposition

Horaires

Tous les jours sauf le lundi de 14H à 19h. Les mercredis de 11h à 19h.

Adresse

Le Grand Café 2 place des Quatre Z'Horloges 44600 Saint-Nazaire France

Comment s'y rendre

En bus Arrêt Quatre z'horloges : ligne U2 Arrêt Rue de la Paix : ligne Hélyce En train Depuis Paris-Montparnasse (TGV) : 2h40 Depuis Nantes (TGV ou TER) : 30 à 50 min Puis Bus : ligne U2 direction St-Marc (Le Grand Pez) / arrêt Quatre z'horloges
 ou ligne Hélyce direction Université / arrêt rue de la Paix En voiture Depuis Nantes par la 4 voies : 45 min Depuis Rennes : 1h30 Depuis Vannes : 1h Parking à proximité En avion Aéroport Nantes Atlantique à proximité du périphérique de Nantes, porte de Grand-Lieu
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022