Vue de l'exposition Cadavre Husky

Vue de l'exposition Cadavre Husky

Morgan Fortems, designer graphique et  co-fondateur de la galerie d'exposition nancéenne My Monkey nous présente l'esprit du lieu, sa genèse et nous parle de la dernière exposition en date, celle du collectif Brest Brest Brest.

La galerie My Monkey existe depuis onze ans, votre programmation oscille entre art et design graphique, comment avez-vous conçu ce projet et quelles en ont été les expositions marquantes ?

Le projet My Monkey a démarré au printemps 2003 autour d'un bureau partagé entre quelques amis. Si nous n'avions pas la volonté préalable de devenir des diffuseurs d'art et de graphisme, l'idée de mettre à disposition le lieu pour montrer des choses s'est très rapidement imposée et trois mois plus tard, la première exposition démarrait. L'envie a tracé notre parcours de manière empirique, sur plusieurs années et nous sommes heureux de pouvoir continuer à le faire aujourd'hui, dans des conditions qui n'ont jamais cessé de s'améliorer.

Nous établissons une programmation annuelle qui alterne entre artistes-designers confirmés et émergents ; entre design graphique et territoires d'investigations ou d'inspiration (art, photo, video, architecture, ...) ; entre démarches abouties et expérimentations/recherches ; entre projets directement accessibles et projets plus pointus. L'objectif de ce panachage est de permettre au public d'appréhender les différents aspects du design graphique contemporain et de permettre aux artistes-designers invités d'avoir la plus totale liberté d'expression lorsqu'ils viennent chez nous.
Nous avons particulièrement apprécié nos rencontres avec les studios Jan & Randoald, Flag, Happypets, Helmo ou Catalog Tree, ... le cycle d'expositions franco-coréen "Strange Air in the night", ... le travail illustratif de Ze Loot, Aurélien Débat, Jochen Gerner ou Modèle Puissance, ... les démarches expérimentales de Superscript² avec Randombooks, d'Open Source Publishing avec Dingbats Liberation Fest, ... l'exposition collective Lettres Type sur la jeune scène typographique française...

Vous présentez le travail du collectif Brest Brest Brest jusqu'au 27 juin, comment les avez-vous découverts et pourquoi les avoir choisis ?
Nous souhaitions  terminer notre saison 2013/2014 avec un studio français et Brest Brest Brest était depuis quelques mois dans les listes de designers que nous repérons tout au long de l'année.

Bien que la région soit plutôt pluvieuse, nous avions la volonté en ce printemps de présenter le travail d'un studio français dont le travail serait frais et léger. L'ambiance décontractée mais tout autant sérieuse de Brest Brest Brest nous a paru parfaitement convenir à notre envie.
Leur travail est direct, usant sans vergogne d'un humour impertinent et potache. Pour autant losqu'on regarde de plus près les programmes, flyers et posters qu'ils créent pour leurs clients (principalement des structures culturelles et des festivals de musique)  le travail est sérieux, précis et raffiné.

L'exposition présente à la fois des travaux de commande et de recherche, comment s'articule cette présentation ?

La limite est parfois clairement définie entre travail personnel, recherches et commande. Ce n'est pas le cas pour Brest Brest Brest. Leur travail est énergique, foisonnant et l'idée de faire déborder les objets présentés du cadre des projets commandités s'est naturellement imposée. C'est aussi ce que l'on peut lire dans le dispositif de présentation de leur exposition "Cadavre Husky" : bien que les documents de communication commandités (flyers, programmes, brochures, etc. ) soient sagement organisés sur l'espace délimité d'une table au centre de l'espace d'exposition pour consultation, les cimaises de la galerie abondent d'images de tous formats, collées à même le mur, scotchées ou parfois sous cadre. Elles s'adossent les unes aux autres ou se superposent, brouillant un peu plus le statut de chacune et exprimant ainsi le non-cloisonnement de leur processus créatif.
En complément de l'exposition, un fanzine de notre collection Mmagazine a été édité.

Entretien réalisé par Véronique Marrier, cheffe de service du design graphique au Centre national des arts plastiques et co-commissaire de « Graphisme en France 2014 »

Dernière mise à jour le 10 février 2022