Focus sur... le Festival Figuré.e avec Vivien Gorce

Entretien avec Vivien Gorse, cofondateur avec Margot Paul, Renaud Benard et Bastien Rivière du festival de design graphique Figuré.e qui se déroule depuis 2018 à Toulouse. La troisième édition a lieu du 9 au 15 mai 2022, dans le quartier Bonnefoy à Toulouse.

Comment est née l’idée de créer le festival Figuré.e ? Quelles sont les lignes de force de sa programmation ?

Le festival est né de l’envie très personnelle du collectif Pépite de rencontrer et de fédérer humblement la scène locale toulousaine. L’envie de faire résonner à une échelle de plus grande ampleur les voix toulousaines, s’est rapidement faite sentir également.
Pépite est un collectif de neuf graphistes, typographes, illustrateur.ice.s. Créé en en 2015, le groupe, à travers des expositions et des ateliers ouverts au public, a toujours eu pour but de promouvoir la création graphique. Pépite est également un studio de création graphique menant des projets de design global, s’extirpant du média imprimé ou numérique, habillant des espaces, des lieux à travers une approche hybride, ludique et multidisciplinaire.
Le festival propose des expositions, des conférences, un marché de l’édition graphique indépendante et un grand nombre d’ateliers. Au sein de ce festival, on vient voir, écouter mais également faire. Cette manifestation se veut accessible aux publics non initiés et spécialisés en proposant beaucoup de médiation, d’accessibilité et d’inclusivité, afin que chacun.e puisse y trouver, y créer son propre espace, sereinement et créativement.

L’édition que vous proposez cette année associe de nombreux événements et plus de lieux que par le passé, comment avez-vous imaginé cette nouvelle programmation ?

Pour cette troisième édition, le festival a décuplé son offre. Auparavant résidant au sein d’un unique endroit, figuré.e occupe cette année tout un quartier de Toulouse en proposant une programmation dans six lieux emblématiques pour les arts visuels, des arts plastiques jusqu’au design. Parmi les temps forts du festival, on peut compter l’exposition « Bernard Arin et le Scriptorium de Toulouse, 60m2 dans la galaxie Gutenberg », retraçant les 30 années de création typographique à Toulouse, exposition inaugurée par un cycle de conférences avec Thomas Huot Marchand, Franck Jalleau, Rodolphe Giuglardo, Bye-Bye Binary et Juliette Flécheux qui pour cette dernière inaugure la sortie de son ouvrage sur le sujet aux éditions 205. La question de la lettre, des écritures, de leur dessin est un enjeu fondamental pour Pépite dans sa propre pratique et le collectif souhaite mettre à l’honneur cette thématique pendant le festival.

Elle inclue un volet consacré à la création contemporaine et locale, quelles sont ses caractéristiques, ses spécificités ?

Un autre temps fort de la semaine de festivité de figuré.e est l’exposition « La Grotte, c’est en peignant qu’on devient peigneron ». Cette exposition du graphiste et peintre Bonnefrite est double. Elle est constituée d’une partie rétrospective, jusqu’alors inédite, de son travail de commande en affiche pour des théâtres que les toulousain.e.s connaissent bien. La seconde partie est le fruit d’une collaboration en résidence avec Paul Cox où un décor plastique en plusieurs dimensions se crée et évolue au fil de la semaine. La pratique de Bonnefrite à la frontière entre graphisme et peinture est fascinante et soulève la question de la picturalité dans l’espace urbain, question posée aux toulousain.e.s en contact avec ses productions depuis nombre d’années.

La programmation s’étend également à des lieux qui permettent de découvrir d’autres projets, d’autres applications du design graphique, quels sont-ils ?
La programmation permet de découvrir tout au long de la semaine des expositions telle que la « Collective » du Point Design Toulouse, avec le commissariat autour de 5 artistes et graphistes de la région. On a découvert la sortie de résidence du studio Rovo et de ses enquêtes sur la conception du mobilier urbain par les employés municipaux et les spécialités régionales sous forme poétique dont le vernaculaire est le maître mot, au lieu Trois_A.
Des ateliers ont aussi lieu le weekend dans différents lieux du quartier comme à L’Imagerie ou à IPN, ou les participant.e.s peuvent venir découvrir différentes techniques et pratiquer la gravure, la sérigraphie, le lettrage ou encore la composition. 
Le marché de l’édition indépendante est un temps fort du festival puisque dès la première édition, il avait suscité un vif intérêt du public. Cette année, 45 entités, collectifs, maisons d’éditions, soigneusement sélectionné.e.s ont proposé leurs productions fraichement produites.
On a également découvert un cycle de conférences consacré au motion design, au graphisme animé et ses enjeux, proposé par le studio Bumo.

Quelles perspectives pour les futures éditions, comment vous projetez vous ?

 Le festival a remporté son pari, pour cette nouvelle édition en recevant quelques 6500 personnes dans chacun de ses événements où les jauges d’accueil maximales étaient atteintes. La proposition s’est à la fois élargie mais a également gagné en exigence, le public ne s’y est pas trompé et a répondu présent.

Le festival devrait à partir de maintenant se rythmer en biennale et donc revenir pour une quatrième édition en 2024. La taille de la zone d’activité s’étant considérablement développée entre l’édition précédente et celle-ci, il sera préférable de consolider les collaborations et partenariats avant de voir une nouvelle fois à augmenter celle-ci. Les idées de collaborations, d’explorations néanmoins ne manquent pas, tout comme les idées de programmation. Tous ces ingrédients présagent d’un bel avenir pour une manifestation qui, pour sûr, a su convoquer un public de passionné.e.s et de connaisseur.euse.s comme d’amateur.ice.s autour d’une fête des images et des signes.