n°7 - Graphisme en France - Le graphisme et l'Europe, 2000

Les éditions précédentes de Graphisme en France illustrent plus particulièrement la situation du graphisme dans notre pays. C’est pourquoi, il a semblé opportun, en l’an 2000, de se pencher sur la réalité européenne. Ainsi, une enquête a été menée en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Suisse. En prenant contact avec des graphistes, des institutions et des associations professionnelles, la Délégation aux arts plastiques a tenté de mettre en évidence la manière dont le graphisme se définit et se pratique ainsi que les signes témoignant de son intégration dans la vie sociale de ces six pays. Bien que la méthode utilisée soit identique, l’enquête révèle une coupure flagrante entre les pays du nord et ceux du sud de l’Europe. Les fondements de ce clivage remontent au XVIe siècle.

Des conflits divisent alors l’Europe du Nord à majorité protestante et l’Europe catholique réunissant la France, l’Espagne et l’Italie. D’après Geert Setola, graphiste néerlandais, les Pays d’outre-Rhin (Pays-Bas, Flandre, Allemagne) commencent à favoriser la typographie comme un moyen de diffuser leurs opinions religieuses. Toute forme de « fioriture visuelle » est bannie. Il se répand un mépris profond de l’image désormais tenue pour une « astuce catholique » maintenant les populations dans l’ignorance et falsifiant la vérité insigne du texte.

Ainsi, se développe une tradition de réflexion sur la relation entre la forme et le contenu. Parallèlement, le commerce, lui aussi, s’empare de la typographie. En revanche, les pays catholiques continuent d’élargir et d’approfondir leur riche et fantasmagorique tradition de l’image, ne se contentant de développer la typographie que dans le cadre du classicisme et de la calligraphie. La ligne de démarcation se précise entre les pays de culture anglo-saxonne plus pragmatiques et ceux du Sud plus intuitifs. Tous les domaines abordés par notre enquête le confirment. Ce sont les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Suisse qui attestent le mieux le rôle et l’intégration du graphisme dans la vie quotidienne. Le « design » existe, les « designs » existent, la presse en parle, l’enseignement est solidement implanté, les historiens et les critiques actifs, les revues, souvent interdisciplinaires, sont florissantes et l’édition se porte bien.
L’ensemble des informations proposées dans Graphisme en France 2000 reflète la diversité des conceptions et des pratiques des professionnels contactés. Cette édition se veut une invitation à la découverte en naviguant sur Internet ou en voyageant dans le monde réel.