180 kilomètres avant la mer - Gilles Saussier
La Terrasse espace d’art accueille en résidence le photographe
Gilles Saussier dans le cadre du CLÉA Nanterre-
Colombes, contrat local d’éducation artistique initié par
la DRAC Île-de-France, mis en oeuvre par les villes de
Nanterre et Colombes, et soutenu par l’Éducation nationale
et le département des Hauts-de-Seine.
Gilles Saussier s’intéresse de longue date à l’imaginaire de
la Seine et à l’histoire de l’axe historique parisien du Louvre
à La Défense. Il s’est approprié cette perspective en passant
commande en 2009 à l’Institut national de l’information
géographique et forestière (IGN) d’un tracé en ligne droite
prolongeant les Champs-Élysées jusqu’à la Manche à travers
le territoire de l’Ouest parisien, soit 180 kilomètres avant
la mer.
Depuis, l’artiste explore l’ensemble des lieux situés sur
cette ligne et anime des observatoires informels avec les
usagers du territoire, les établissements scolaires, les associations
d’habitants, les centres d’art. Chaque étape de
cet atlas documentaire fait resurgir toute une histoire locale,
poétique, émouvante à travers le matériau collecté (récits,
documents, photographies) et à sa mise en espace in situ.
Cette nouvelle étape à la Terrasse confronte la mémoire
des derniers habitants de L’Île fleurie, où le photographe
avait réalisé en 1988 son premier reportage publié dans
The Independent magazine (kilomètre 11), à la bande littorale
des Basses Falaises (kilomètre 180) au dessus du Havre.
Les visiteurs découvriront que le dernier monument
ponctuant l’axe historique parisien est une montagne
d’ordures – l’ancienne décharge du Clos des ronces –
dont le front instable d’immondices et de gravats, déversés
depuis la falaise, menace la bande littorale et les cabanoniers
riverains victimes aussi de l’érosion côtière.
Ce parcours de Nanterre au Havre, dessine un portrait
en creux de la métropole parisienne et déplace la figure
du chiffonnier et de sa hotte - chère à Baudelaire, à Walter
Benjamin, à Eugène Atget - en naufrageur dont le crochet
s’escrime non plus sur le pavé des rues mais sur les galets
des plages.