Antoine-Jean Gros, Charles Quint et François Ier visitent les caveaux de l’Eglise de Saint-Denis en 1540, 1821

Antoine-Jean Gros, Charles Quint et François Ier visitent les caveaux de l’Eglise de Saint-Denis en 1540, 1821 (FNAC PFH-7860). Déposé à la Basilique-Cathédrale de Saint-Denis.

Hiérarchie des arts et des genres

Cette collection illustre la hiérarchie des arts et des genres codifiée au cours du XIXe siècle. Dans la tradition artistique établie par l’Académie sous l’Ancien Régime, il révèle la place centrale du Salon et des institutions d’enseignements artistiques parisiennes, ainsi que le Prix de Rome, dans la vie artistique française et européenne.

On y discerne les différents mouvements artistiques : goût néo-classique (François-Edouard Picot), peinture troubadour (Antoine-Jean Gros ou Pierre-Henri Revoil), développement et triomphe du Romantisme, maintien de l’Historicisme, essor de la peinture de paysage à la suite de l’École de Barbizon, renouveau du Réalisme et du Naturalisme, goût prononcé pour l’Orientalisme ou encore, dans les dernières années du XIXe siècle, les prémisses du Symbolisme (Lucien Lévy-Dhurmer ou Edgar Maxence).

Certains chefs d’œuvre sont ainsi déposés dans des musées comme le tableau Jupiter et Thétis d’Ingres visible au musée Granet à Aix-en-Provence ou les commandes réalisées par Pierre Puvis de Chavanne installées à la Mairie de Poitiers.

Emile Henri Bernard, Portrait de ma sœur, 1888

Emile Henri Bernard, Portrait de ma sœur, 1888 (FNAC 16399). Déposé au musée Toulouse-Lautrec à Albi.

Le rayonnement de l’art dans toute la France

Outil au service du pouvoir et de consécration de l’image de l’Etat, la commande faite aux artistes permet de décorer les édifices construits par les gouvernements successifs tout au long du XIXe siècle. Cette profusion d’œuvres installées dans l’espace public, qualifié par l’historien Maurice Agulhon de « statuomanie », épouse également les différents courants esthétiques de la période : le néoclassicisme, le romantisme, l’éclectisme, réalisme ou encore l’académisme. L’Etat, promoteur de l’éducation pour tous et mécène des arts, poursuit ces commandes sous la IIIe République, notamment par ses commandes de décors pour le Grand Palais et pour les expositions universelles. En statuaire, ces œuvres prennent pour sujets les codes de la sculpture monumentale (monuments commémoratifs, hommages aux grands hommes par des représentations en buste ou en pied, sculpture animalière), alors que les programmes décoratifs d’intérieur qui viennent orner mairies, salle des fêtes, écoles publiques et églises de fresques ou de panneaux peints développent des sujets allégoriques, historiques ou religieux.

Emmanuel Frémiet, La Gloire, 1905

Emmanuel Frémiet, La Gloire, bronze (FNAC 2540). Achat par commande en 1905, dépôt à Calvi.

Une politique de soutien aux artistes

L’achat par commande est très caractéristique du XIXe siècle puisqu’il représente plus de 9 800 œuvres, soit presque un achat sur deux au cours de cette période. Une partie de la collection est liée aux commandes et achats des portraits officiels des différents souverains et chefs d’état, de Napoléon I à Napoléon III. L’avènement de la IIIe République entraîne la diffusion des symboles et emblèmes du nouveau régime démocratique ; une tendance prononcée au moment du Centenaire de la Révolution en 1889, avec la diffusion de la Marianne, d’après le fameux modèle créé par le sculpteur Jean-Antoine Injalbert.

Un ensemble important de copies de grands maîtres français, italiens ou nordiques a été déposé dans les édifices religieux ou publics jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ces œuvres renseignent sur le goût de l’époque et révèlent l’existence d’un marché spécifique. Parmi les copistes professionnels, on retrouve souvent les femmes – ce type de commande étant souvent le seul auquel elles peuvent prétendre – et les jeunes artistes. La copie incarne alors la première commande de l’État avant la notoriété et une reconnaissance officielle. Pas moins de 6 616 œuvres inspirées des maîtres ou des créations du passé (sculptures ou moulages d’après l’Antique, le Moyen-Age et la Renaissance) sont commandées tout au long du XIXe siècle dont près de 4 651 peintures.

Henri Lebasque, Sous la lampe, 1905

Henri Lebasque, Sous la lampe (FNAC 1532). Achat en 1905, dépôt au Musée des Beaux-Arts de Nancy.

Quelques chiffres

La collection historique concerne près de 5 300 artistes à travers plus de 26 000 œuvres datant de la fin du XVIIIe siècle jusqu’à 1910. Si les artistes français y sont en majorité, elle comprend aussi des corpus d’artistes étrangers (allemands, américains, belges, anglais, italiens ou encore suisses). La peinture représente près de 11 000 œuvres, contre 5 000 sculptures et 6 000 œuvres d’art graphique environ. Le reste de la collection se partage entre arts décoratifs, photographie et relevés d’architecture.

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Dernière mise à jour le 9 mars 2021